L'ONG britannique Amnesty International (AI) a publié mardi soir un communiqué dans lequel elle a pointé la répression des autorités marocaines contre « les militants et les voix critiques pacifiques », en usant d'un concept appelé « ligne rouge ». « Le concept des autorités marocaines de +ligne rouge+ est essentiellement une interdiction de critiquer (...), qui est utilisé avec un enthousiasme renouvelé pour cibler des militants pacifiques et des artistes », relève l'ONG, qui souligne en ce sens que « des youtubeurs, des rappeurs et des journalistes risquent désormais de lourdes peines de prison après avoir été la cible de lois répressives ». Dans son document, AI relève que « les autorités marocaines intensifient leur répression contre les voix pacifiques avec une nouvelle vague d'arrestations et de poursuites arbitraires contre des individus, dont un journaliste, des rappeurs et des Youtubers ». Enumérant les cas « d'au moins dix militants qui ont été illégalement soumis à des arrestations, des interrogatoires et des peines sévères depuis novembre », elle précise qu'elles sont toutes été « accusées de crimes relevant du Code pénal marocain ». Entre novembre 2019 et janvier 2020, neuf des dix individus et militants ont été condamnés à des « peines de prison cruelles » allant de 6 mois à quatre ans, avance-t-elle. Réformer le code pénal Pour Heba Morayef, directrice régionale de la région MENA à Amnesty International, «il est urgent que les autorités modifient le Code pénal marocain qui conserve un arsenal de dispositions qui criminalisent la liberté d'expression et ont été utilisées illégalement pour réprimer la dissidence dans le pays». Et d'insister « les autorités marocaines doivent réformer d'urgence le Code pénal pour dépénaliser les articles qui ont été utilisés pour réprimer la liberté d'expression ». Elle en veut pour exemple, précisément, le cas du journaliste Omar Radi, « arrêté le 26 décembre pour un tweet qu'il a publié critiquant le système judiciaire pour avoir confirmé le verdict contre les manifestants de Hirak el Rif. Quelques jours après son arrestation, il a été remis en liberté provisoire, en attendant son prochain procès le 5 mars de cette année ». En fin, AI estime que « les autorités devraient abandonner les charges et libérer toutes les personnes poursuivies et condamnées pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d'expression, et cesser d'utiliser les dispositions archaïques du Code pénal pour criminaliser la liberté d'expression ».