Après presque trois ans de rumeurs et reports, le « deal du siècle » censé régler le conflit israélo-palestinien a été enfin dévoilé par son « dealmaker » Donald Trump. Mais en fait de plan de paix, c'est un plan d'annexion que le président américain flanqué du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou tout sourire, a présenté hier mardi, devant un parterre tout acquis à la cause d'Israël. Les grandes lignes du document de 80 pages « dernière chance de solution de paix » selon Trump c'est tout simplement le feu vert pour rayer la Palestine en glissant dans la carte d'Israël toutes les colonies d'implantation en Cisjordanie et la riche vallée du Jourdain. Al Qods comme capitale « indivisible » de l'Etat d'Israël, tandis que la Palestine dans l'histoire ne bénéficierait que des faubourgs est d'Al Qods. Bref, Donald Trump et Benjamin Netanyahou se sont donnés pour mot de morceler la Cisjordanie en annexant une grande partie de la vallée du Jourdain. Ils ont juste fait de confirmer la réalité actuelle de la politique de colonisation systématique. Depuis des années les colons israéliens grignotent inlassablement la Cisjordanie, transformant « l'Etat palestinien » en un archipel incohérent, morcelé, dépendant. La solution à deux Etats négociée à Oslo en 1993 en devient nulle et non avenue. Comment concevoir la paix alors que le deal raye d'un trait ces bases juridiques sur lesquelles le dialogue avait commencé en Norvège. D'ailleurs, les Palestiniens ne s'y sont pas trompés et ont rejeté dans l'œuf bien avant, les velléités écrites du gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, l'ancien avocat de Donald Trump Jason Greenblatt, et l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman. « Il est impossible pour n'importe quel enfant, arabe ou palestinien, d'accepter de ne pas avoir Al Qods » comme capitale d'un Etat palestinien, a déclaré le président Mahmoud Abbas qui pour signifier l'étendue, du refus palestinien a rajouté « Al Qods n'est pas à vendre, et votre complot ne passera pas. Nous ne permettrons pas de négliger les droits historiques du peuple palestinien. ». Le mouvement palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a lui aussi rejeté le projet. « Nous n'accepterons pas de substitut à Al Qods comme capitale de l'Etat de Palestine », a déclaré Khalil al-Hayya, un haut responsable du mouvement. A l'international, l'Organisation des Nations unies a réaffirmé son attachement aux frontières reconnues sur la base des lignes définies en 1967. « La position des Nations unies sur la solution à deux Etats a été définie à travers les ans par des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale auxquelles est tenu le secrétariat » de l'ONU, est-il précisé dans un communiqué. Pour la Turquie et Recep Tayyip Erdogan, « C'est un plan visant à légitimer l'occupation israélienne ». La Jordanie estime pour sa part que l'établissement d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 restait « la seule voie pour une paix globale et durable ». L'Egypte comme à l'accoutumée a fait le dos rond en appelant Israéliens et Palestiniens à un examen « attentif » et « approfondi » du plan américain, à même d'ouvrir des voies de dialogue. En Europe quand on n'a pas fait dans la neutralité à l'instar de la France qui a salué les « efforts » de Donald Trump tout en exprimant « sa conviction que la solution des deux Etats, était en conformité avec le droit international et les paramètres internationalement agréés. », on s'est carrément rangé du côté américain comme par exemple le Royaume-Uni. Londres caressait dans le sens du poil en qualifiant le plan de « proposition sérieuse » qui « pourrait constituer une avancée positive » dixit BoJo. Seule Berlin a adopté une position courageuse en rappelant que seule une solution « acceptable par les deux parties » pouvait conduire à la paix. Une référence claire au rejet total par les Palestiniens, du plan proposé par Donald Trump. La Russie a, pour sa part, prôné des « négociations directes » entre Israéliens et Palestiniens, afin de parvenir à un « compromis mutuellement acceptable ». Bref, c'est un joli cadeau que Donald Trump se fait à lui et à son acolyte Benyamin Netanyahou qui tous deux, sont dans la tourmente des procès. Le premier pour destitution et le second pour corruption. Ce dernier a été inculpé en cela hier par le tribunal d'Al Qods à cinq semaines des législatives en Israël. Benyamin Netanyahou et son épouse Sara sont soupçonnés d'avoir reçu pour 240000 € de champagne, cigares et autres bijoux du milliardaire australien James Packer et du producteur d'Hollywood Arnon Milchan.