« Il est temps » d'annexer des pans de la Cisjordanie occupée, a déclaré Benyamin Netanyahou, utilisant ainsi son langage habituel pour évoquer l'annexion des colonies juives en Cisjordanie, dimanche 17 mai, devant le Parlement réuni pour un vote de confiance sur le gouvernement d'union avec Benny Gantz. Son discours a été interrompu lorsqu'un député de la Liste arabe unie, Yousef Jabareen a été expulsé de la plénière pour s'être écrié « Il n'y aura pas de paix avec l'occupation et l'apartheid ». L'accord de partage du pouvoir entre Netanyahou et Gantz prévoit l'annonce, à partir du 1er juillet, d'une stratégie pour appliquer le projet américain de résolution du conflit israélo-palestinien. Rejeté par les Palestiniens, ce plan prévoit notamment l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l'Etat hébreu. Au cours de la dernière décennie, la population dans les colonies israéliennes a bondi de 50 % pour flirter avec le demi-million de personnes, vivant souvent de manière conflictuelle auprès de plus de 2,7 millions de Palestiniens dont ils ont spolié les terres. Gantz s'est exprimé pour sa part sur la pandémie liée au nouveau coronavirus et sur la nécessité pour les Israéliens d'être unis mais il n'a rien dit sur l'annexion. La Palestine et la Jordanie voisine ont déjà mis en garde contre les conséquences d'un tel projet. La plupart des pays de l'Union européenne veulent aussi convaincre Israël d'y renoncer pour éviter de devoir sanctionner ce pays. Le roi Abdallah II n'exclut pas de suspendre l'accord de paix avec l'Etat juif, et insiste sur la solution à deux Etats comme étant « la seule façon d'avancer ». Le roi Abdallah de Jordanie a averti que si Israël donnait suite à ses projets d'annexion de certaines zones de la Cisjordanie, cela conduirait à un « conflit massif » avec son pays, et n'a pas exclu de rompre l'accord de paix conclu entre Amman et l'état juif. Le projet d'annexion a été discuté mercredi dernier par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, en visite éclair à Al-Qods où il avait rencontré Gantz et Netanyahou. Le chef de la diplomatie américaine avait en outre mis en garde, vendredi, la Cour pénale internationale contre une enquête menée à l'encontre d'Israël, clamant que les Etats-Unis « tireront les conséquences » de toute investigation « illégitime ». Les Etats-Unis se sont légués contre la décision de la principale procureure, Fatou Bensouda, de la CPI d'accepter la « Palestine » en tant qu'Etat bénéficiant du statut nécessaire pour porter plainte. Cela devrait entraîner une enquête concernant des crimes de guerre présumés commis par l'Etat juif en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. « Nous ne pensons pas que les Palestiniens se qualifient comme nation souveraine », a souligné le secrétaire d'Etat, en dénonçant l'enquête pour crimes de guerre.