Trois roquettes se sont abattues dimanche nuit 26 janvier sur l'ambassade américaine à Bagdad, faisant au moins un blessé tandis que des milliers de manifestants anti-pouvoir, pour nombre d'entre eux, des étudiants, défilaient et manifestaient, à Bagdad et dans le sud de l'Irak, en signe de défiance aux autorités après une tentative de démanteler leurs sit-in et autres campements de fortune. Dimanche donc, trois roquettes se sont abattues sur l'ambassade américaine à Bagdad, dont l'une d'elles a frappé la cafétéria, en pleine heure du repas (dîner), faisant au moins un blessé, selon un haut responsable irakien. Le porte-parole du département d'Etat américain a attribué cette attaque, la quatorzième depuis septembre contre des intérêts américains, à « l'Iran et aux milices soutenues par l'Iran ». Quelques heures après les tirs, les Etats-Unis ont « appelé le gouvernement de l'Irak à remplir ses obligations, afin de protéger (leurs) installations diplomatiques ». Le premier ministre démissionnaire, Abdelmahdi, a quant à lui dénoncé une « agression » qui pourrait « transformer l'Irak en zone de guerre ». Par ailleurs, les assauts lancés contre plusieurs places de la contestation, ont des effets pour le moins meurtriers. Le bilan de cette épopée meurtrière de la part des forces de l'ordre irakiennes et des milices pro-iraniennes, fait état d'au moins 12 personnes tuées et 230 blessées en deux jours, selon la Haute Commission irakienne des droits de l'homme. Cela porte le nombre de victimes à au moins 500 personnes ayant subies une répression aveugle et sanglante depuis le début du mouvement de la contestation en Irak, en octobre 2019. Lors du week-end, les forces anti-émeutes se sont attelés à déloger et incendier les tentes des manifestants installés dans les différentes places de la contestation à Bagdad et dans le sud de l'Irak où sont signalées les contestations. A Bagdad, les forces de sécurité ont rouvert des routes par des interventions sanglantes voire meurtrières et libérer des ronds-points occupés par les protestataires autour de la place Tahrir par la force (gaz lacrymogène et tirs à balles réelles). Ce qui fait craindre une éventuelle chute de cette place légendaire aux mains de l'autorité iran-irakienne. Les manifestants considèrent la position du leader chiite Moqtada Al-Sadr, comme « une trahison du sang des martyrs et des sacrifices des partisans ». Moqtada Al-Sadr, qui est à la tête de la première force politique au Parlement, avait soutenu jusqu'à vendredi les appels des manifestants à la démission du gouvernement et à l'organisation d'élections anticipées. Ses partisans, qui se comptent par millions dans les faubourgs populaires chiites de Bagdad et du sud du pays, quoique parmi les plus touchés par le chômage et la déliquescence des services publics, se sont retirés des manifestations laissant ainsi libre cours à la répression contre les manifestants qui considèrent Moqtada Al-Sadr comme faisant partie du système dont ils veulent la chute et qui résistent malgré les violences que leur impose la classe dirigeante. Mais Moqtada Al-Sadr et les autorités irakiennes qui ont accordé peu de crédit à la détermination des contestataires ont constaté lundi que qu'en réaction aux assauts lancés le week-end, des milliers de personnes se sont mobilisées, dont de nombreux sadristes, choqués par le lâchage de leur chef. Si Moqtada Al-Sadr à la tête de factions armées chiites proches de l'Iran compte en bob populiste obtenir le départ des derniers 5 200 soldats américains encore opérationnels en Irak.