La coalition menée par les USA se trouve confrontée à une véritable révolte sanglante des partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr. Des violences qui ont éclaté essentiellement dans la partie sud du pays et qui ont fait plus de 150 morts. En Irak, les Américains sont engagés dans les plus grands combats depuis l'annonce par George W. Bush de la fin de la guerre en mai dernier. Les miliciens de «l'armée du Mehdi», fidèles au chef chiite de Moktada Al Sadr luttent depuis dimanche contre les forces d'occupation dans la partie sud de l'Irak ainsi que dans les quartiers à majorité chiite de Bagdad. Des affrontements qui se sont intensifiés à Nassirya. Les habitants de cette ville coupée en deux par l'Euphrate (les miliciens se trouvant sur une rive et les forces de la coalition sur l'autre) a vécu mardi dernier une journée particulièrement ensanglantée suite à près de 12 heures de combats. Au moins dix Irakiens ont été tués et 37 autres blessés dans les affrontements de mardi portant le total des morts à plus de 150 victimes dans tout le pays. En soirée, la ville était totalement déserte, à l'exception de miliciens vêtus de noir. Les magasins et les écoles étaient fermés durant toute la journée et ce malgré un cessez-le-feu décrété mardi en début de soirée mais il n'a duré que deux heures et avait pour principal but de permettre au contingent italien de quitter la ville, avait affirmé un responsable de la milice chiite. Un retrait pour permettre l'évacuation de douze militaires italiens, blessés au cours d'échanges de tirs avec les miliciens lors d'une intervention pour reprendre le contrôle de plusieurs ponts donnant accès à la ville. Mais ce n'est pas qu'à Nassirya que les Chiites ont manifesté leur colère. Les traces de leur grogne étaient perceptibles un peu partout en Irak. Dans la ville sunnite de Ramadi (80 km à l'ouest de Bagdad), le calme était revenu mercredi, 24 heures après que douze Marines américains y eurent été tués par 60 à 70 hommes armés de lance-grenades et d'armes automatiques qui ont attaqué leurs positions au palais du gouverneur, selon le Pentagone. A Kout (180 km au sud de Bagdad), un soldat ukrainien a été tué au combat mardi et cinq autres blessés alors qu'à Falloujah, les affrontements ont coûté la vie à 60 Irakiens et ont fait plus de 130 blessés. Au quartier général de leur « nouveau chef spirituel », Moqtada Sadr, à Kazimiya, dans le nord-ouest de Bagdad, des dizaines de jeunes se pressent pour proclamer leur allégeance et se déclarent prêts à mourir pour défendre leur jeune chef radical chiite contre un coup de force des troupes américaines. Des manifestants qui n'hésitent pas à témoigner de leurs sentiments à l'encontre de cette présence étrangère dans leur pays. «L'Amérique est l'ennemie des peuples. L'Irak sera la tombe des Américains», affirme un des partisans qui prend à témoin des journalistes. Cette grogne des Chiites a été enclenchée par l'arrestation samedi du chef du bureau de Moqtada Sadr à Najaf, Moustafa Yaacoubi, impliqué selon la coalition dans le meurtre en avril 2003 d'un chef chiite libéral.