Après des longs mois de retard sur son envol initial ajouté à une météo capricieuse ces derniers jours, le plus grand avion au monde doté de seulement deux moteurs, le Boeing 777X, a effectué son premier vol inaugural samedi. Le nouveau bijou de Boeing censé concurrencer l'A350 de l'avionneur européen Airbus a après avoir décollé sous les caprices du ciel (fortes pluies), de la piste de l'aérodrome de Boeing à Everett (Etat de Washington) a, quatre heures durant, survolé le ciel de l'Etat de la capitale des Etats-Unis sans encombre aucun. Deux personnes étaient à son bord, les deux pilotes d'essai. C'est une nouvelle heureuse pour Boeing que l'envol de ce grand bimoteur jamais assemblé en tant que tel et qui in fine a atterri sur la piste du Boeing Field à Seattle. C'est que l'avionneur américain des déboires de ses B 737 MAX cloués au sol depuis mars (2 crashes ayant coûté la vie à 346 personnes) mais aussi de ses velléités spatiales qui se sont conclues par l'échec de la mission du Starliner (sortie de sa trajectoire) était en souffrance d'aura ces derniers temps. Ce vol « est la démonstration aux yeux du monde que nous savons construire des avions sûrs et donner confiance au public », a déclaré le directeur de la division commerciale de Boeing. Le vol inaugural du 777X était initialement prévu pour l'été 2019, mais avait dû être repoussé en raison de problèmes avec le nouveau moteur GE9X, fabriqué par General Electric, et de difficultés avec les ailes et la validation des logiciels. L'avion peut transporter jusqu'à 426 passagers. Son carnet de commandes actuel est de 340 unités, principalement de la part de sept plus grandes compagnies aériennes mondiales, dont Emirates, Lufthansa, Cathay Pacific, Singapore Airlines et Qatar Airways. Les premières livraisons devraient avoir lieu au meilleur des cas dans une année au lieu de l'été 2020 comme initialement prévu. En effet, la période des vols d'essai a été prolongé et la procédure d'homologation, plus sévère est loin de ce qu'elle était, avant la crise des B737 MAX ce qui explique ces retards. Mais qu'à cela ne tienne ! Le 777X est censé conforter la domination de Boeing sur Airbus dans le long-courrier. Sa position en ce domaine a été fragilisée par la réduction prochaine des taux de production du B787 « Dreamliner » qui a essuyé le retrait de commandes fermes de la Chine ce qui lui a fait atténuer ses ardeurs commerciales. Mais le long courrier reste une propriété de l'avionneur américain. Et pour ce, le 777X arrive à point pour répondre encore plus à cette demande. L'avion bimoteur a un rayon d'action de 13 500 à 16 200 kilomètres en fonction de la configuration et du nombre de passagers à bord, et se veut extrêmement économe en carburant. Un argument fort en ces temps de « fly shaming » (réticences à prendre l'avion pour ne pas aggraver la pollution) et d'économies tous azimuts pour les compagnies aériennes. Il coûte entre 410 et 442 millions de dollars mais ce n'est qu'à titre très indicatif et c'est parfois exagéré par rapport au prix réel payé. La plupart du temps en aviation les prix sont définis en fonction de la qualité des clients et ne dépassent jamais les prix affichés.