Le clip de Raja Meziane, une rappeuse engagée « Allo le système », de ses plus de 40 millions de vues, cartonne parmi les meilleurs sur YouTube. La chanson « Allo système » est tant fredonnée par les Algériens et de par le monde qu'elle est devenue un des hymnes du mouvement pro-démocratique algérien, le Hirak. Chanteuse depuis son enfance, mais avocate de formation, cette auteure-interprète algérienne se définit elle-même comme « très engagée ». Elle vit exilée depuis quatre ans avec son compagnon (mari) à Prague, mais n'en est pas pour autant déconnectée de son Algérie d'où elle vient. Elle a suivi avec tristesse l'élection présidentielle boycottée par ses compatriotes. L'artiste ne doit pas sa notoriété qu'à l'hymne d'une jeunesse révoltée, elle a beaucoup de flèches à son arc. Il y a trente ans, Raja Meziane naissait dans la ville de Maghnia (wilaya de Tlemcen) dans le Nord-ouest algérien et la musique l'accompagne toute son enfance durant. Elle ne la quittera plus même pendant ses études de droit à l'université de Tlemcen. Elle sort deux albums de chansons très engagées et critiques du régime et se refuse de participer à une chanson pro-régime. Elle s'est essayée au cinéma en se lançant dans la réalisation d'un long-métrage, mais faute de financements son projet tombe à l'eau. Voulant se lancer dans le métier d'avocate, elle est refusée sans explication par le bâtonnier d'Alger qui ne lui délivre pas son autorisation d'exercer. C'est un tournant décisif dans sa vie, car dès elle ne pense qu'à l'exil. En novembre 2015, avec son mari elle se rend à Prague où ce dernier avait déjà habité. Elle exprime alors, librement ses projets, qu'en Algérie à cause de ses positions sociopolitiques, elle n'avait pu réaliser. La BBC vient de classer Raja Meziane parmi les 100 femmes du monde les plus inspirantes et influentes. C'est la première et seule Algérienne à avoir été honorée de la sorte. Elle s'en dit être fière, mais en redoute la lourde responsabilité, car elle ne doit plus décevoir ceux qui la suivent surtout en Algérie pays où elle n'est pas prête d'y retourner de peur de n'en pouvoir sortir. Elle a pour référence dans ses activités artistiques les textes de Lounès Matoub, le chanteur algérien, kabyle. « Il a beaucoup de chansons dans lesquelles, il anticipe sa mort, il raconte comment on l'a tué à cause de ses positions. Et c'est ce qui s'est passé... Il y a deux jours j'écoutais encore sa chanson 'Monsieur Le Président', qui m'inspire beaucoup », s'est-elle confiée à Radio Prague.