L'année 2019 a été marquée par l' »incursion » opérée par le Maroc dans le noyau dur des fiefs des séparatistes du polisario en Amérique Latine. Entre retrait de reconnaissance de la RASD et normalisation des relations avec le Royaume, le bilan 2019 pour la question du Sahara marque de belles actions « offensives » de la diplomatie marocaine dans cette zone. Mohcine Mounjid, Chercheur spécialisé en Amérique Latine nous livre une lecture politique du ballet diplomatique Maroc/Amérique latine durant l'année qui s'achève, marquée selon lui, essentiellement par le retrait par le Salvador de la reconnaissance e la RASD, et l'ouverture sur le Venezuela. La main tendue de Guaido « Le Maroc a toujours été disposé à s'ouvrir sur le Venezuela et à nouer des relations stables avec ce pays, et quand l'opposition lui a tendu la main pour l'ouverture d'une nouvelle page, il a répondu présent pour clore le chapitre Hugo Chavez et Nicolas Maduro« , confie le spécialiste à Hespress FR. Et d'ajouter que « l'opposition vénézuélienne elle-même ne regardait pas d'un bon œil les orientations de Caracas et des choix en matière de politique étrangère, et a exprimé sa volonté de réparer les erreurs et changer sa position vis-à-vis du Sahara marocain« . Rabat, à l'instar d'autres grandes capitales de par le monde, rappelle notre interlocuteur, a reçu l'envoyé spécial de Guaido, comme elle soutient les efforts visant à sortir le peuple vénézuélien de sa situation dramatique. De même, le Maroc, à travers le groupe de Lima, continue de suivre de près les développements de cette affaire, en tant que pays agissant en Amérique Latine, soucieux de l'instauration de la démocratie et du devenir des peuples de la région. Le Salvador, une erreur réparée La mi-juin 2019, le nouveau gouvernement du Salvador avait annoncé le retrait de la reconnaissance de la RASD, en vue de « corriger une erreur du passé » et un état anachronique créé et imposé par le front du parti de Farabundo Martí, un mouvement politique issu des bandes marxistes, souligne Mohcine Mounjid. Cette décision, met-il en avant, a été annoncée en présence d ministre marocain des AE, Nasser Bourita, en visite à San Salvador, où il avait convenu avec son homologue salvadorienne de mettre en place une feuille de route pour la coopération bilatérale et le lancement de consultations politiques, et lors de la visite de la ministre salvadorienne à Rabat, a été annoncée l'ouverture prochaine d'une ambassade du Salvador au Maroc, la première en Afrique. Poursuivant son analyse des développements de la question du Sahara en Amérique Latine, notre interlocuteur rappelle la visite de Nasser Bourita au Brésil, lors de laquelle Brasilia a réitéré son appui aux efforts onusien pour le règlement de cette question, ce qui est selon lui un grand acquis, vu le changement de régime dans ce pays et l'arrivée au pouvoir de la droite en la personne de Jair Bolsonaro. Il cite également le communiqué final ayant sanctionné la visite du ministre des affaires étrangères à Saint Domingue, qui siégeait en 2019 au conseil de sécurité, et qui a réitéré son respect de l'intégrité territoriale du Royaume et des efforts e règlement de ce conflit artificiel, une même position exprimée par le Chili. L'Equateur a également été une étape importante dans la percée marocaine en Amérique Latine, de même que la présence de représentants du Roi Mohammed VI lors de l'investiture des présidents de Panama et du Salvador, en dépit de la présence de représentants de la pseudo RASD, a été un signal très fort à la communauté internationale, spécialement les pays de la région, que le Maroc est plus présent et disposé à discuter et à coopérer, estime-t-il. Dans la même lancée, nous dit Mohcine Mounjid, la tournée dans la région en avril 2019 de la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, dans le cadre du 1er Forum Maroc- Système d'Intégration Centraméricain (SICA) a permis dynamiser les relations avec le Guatemala, le Honduras, ou encore le Costa Rica, sachant que le Maroc devrait abriter la 2è édition de ce forum, en vue d'attirer d'autres pays d'AL qui reconnaissent encore l'entité fantomatique. Et de développer que l'offensive marocaine n'a pas exclu la région des Caraibes, en ce sens que Bourita a inclus le Surinam dans sa tournée, l'occasion pour ce pays de réaffirmer la constance de sa position exprimée en mars 2016 et portant sur le retrait de la reconnaissance du polisario. La même position a été exprimée par Antigua et Barbuda, la Jamaïque et Parados, qui ont réitéré leur appui à l'initiative marocaine d'autonomie. En parallèle, fait savoir le spécialiste, l'action parlementaire a accompagné les efforts diplomatiques, pour aboutir à la signature d'un accord portant sur la création d'un forum parlementaire afro-latino-américain « AFROLAC ». 2020, l'année de la grande offensive diplomatique La position diplomatique très avancée réalisée par le Maroc dans son environnement régional et continental, encourage à adopter une politique plus offensive à l'adresse de l'Amérique latine, nous dit notre interlocuteur. Et le fait que certains pays de la région n'ont pas encore changé leur position vis-à-vis de la question du Sahara, incitera le Royaume à prendre des mesures plus audacieuses, notamment revoir la nature de ses relations diplomatiques avec ces Etats, tel qu'annoncé par le ministre des affaires étrangères, ajoute-t-il. A cet égard, explique Mohcine Mounjid, Panama, hésitante, et le Mexique qui continue de traiter le front séparatiste comme un Etat à part entière, devraient représenter les premières cibles de cette offensive diplomatique qui sera lancée en 2020, et qui pourrait également concerner le Nicaragua, un pays en pleine crise politique. Pour lui, cette campagne de conquête lancée par le Maroc dans les fiefs du polisario en AL, a fait éclater en morceaux l'appui qu'apportait l'axe bolivarien aux séparatistes, ce qui augmentera, sans nul doute, le nombre de pays qui réviseront leur position par rapport à l'intégrité territoriale du Royaume. Ainsi donc, conclue-t-il, la Bolivie et l'Uruguay « devraient rejoindre le camp des partisans de la solution réaliste de cette question, après que Cuba ait fait le choix du réalisme également en décidant d'ouvrir une représentation diplomatique à Rabat, en vue de développer ses liens avec un pays qui a fait de la coopération sud-sud un crédo« .