L'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan ne se sont pas entendus lors des négociations ce week-end, à propos de la construction du mégabarrage « de la Renaissance » sur le Nil. Bien des différents demeurent, selon les responsables égyptiens, soudanais et éthiopiens (ministres de l'Irrigation des trois pays), qui auront quand même fait le constat de « progrès » lors de ces pourparlers sous les yeux d'observateurs avertis, des responsables de la Banque mondiale et du Trésor américain présents en tant qu'observateurs. Le mégabarrage, c'est un fait empoisonne les relations des trois pays qui sont déjà tendus. Tenus de négocier ils vont encore un mois durant tenter de trouver d'éventuelles solutions et proposer afin de s'accorder et de dissiper toute convergence lors de la prochaine rencontre tripartite (observateurs y compris) qui aura lieu à Addis-Abeba les 9 et 10 janvier. En novembre à Washington, face au blocage qui durait une décennie durant, ils s'étaient réunis sous les auspices des Etats-Unis et s'étaient donnés jusqu'au 15 janvier 2020 pour trouver un accord. Le Grand barrage de la Renaissance est toujours en chantier à Guba Woreda, dans l'Etat de Benishangul Gumuz sur le Nil Bleu en Ethiopie, et devrait selon les uns, entrer en fonction fin 2020 et selon les autres début 2022. Les points qui fâchent ou ceux de la discorde selon le ministre soudanais de l'Irrigation Yasser Abbas sont, « remplissage du réservoir et de l'utilisation du barrage ». Quant à l'Egypte, dont la population en un demi-siècle a triplé, elle a la hantise d'une réduction du débit du Nil-Bleu, si le remplissage s'effectue trop rapidement. Faut dire que le Nil pour les Egyptiens est vital si l'on juge que le fleuve fournit 97 % des besoins en eau du pays et que ses rives abritent 95 % de quelque 100 millions d'Egyptiens, selon les Nations unies. L'Ethiopie a annoncé que le gigantesque barrage de 4 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros) devrait commencer à produire de l'électricité d'ici à fin 2020 et qu'il est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique avec une production de 6 000 mégawatts (MW) Le Caire brandit son « droit historique » sur le fleuve, garanti par une série de traités du temps de la colonisation. La Grande-Bretagne unilatéralement permettait effectivement à l'Egypte de s'approprier l'exploitation et la jouissance aux deux tiers de la majeure partie des eaux du Nil, et en cédait 20 % au Soudan. L'Egypte bénéficiant en outre d'un droit de veto sur tout projet de barrage en amont. L'Ethiopie n'a jamais reconnu les accords coloniaux de 1929 et 1959. Le Nil bleu qui alimente le Nil (fleuve de 6400 km) prend ses sources dans ses hauts plateaux dans le lac Tana. C'est dire si elle est en position de force.