L'Egypte a dénoncé samedi l' »intransigeance » de l'Ethiopie et l'a accusé de vouloir la prendre en « otage » dans les négociations au sujet du mégabarrage en construction par Addis Abeba sur le Nil, qui inquiète Le Caire et Khartoum. Appelé à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique, le barrage que l'Ethiopie construit sur le Nil Bleu –qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil– est une source de fortes tensions entre Addis Abeba et Le Caire depuis 2011. Le porte-parole du ministère égyptien de l'Irrigation, Mohamed Al-Sebaie, s'est dit samedi « pessimiste quant à (…) une avancée dans les négociations en cours sur le Grand barrage de la Renaissance » (Gerd). « Cela est dû à l'intransigeance de l'Ethiopie qui, encore une fois, est apparue très clairement lors des discussions », a déclaré Mohamed Al-Sebaie dans un communiqué publié sur la page Facebook du ministère. Le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie ont repris mardi par visioconférence leurs discussions, –en présence d'observateurs des Etats-Unis, de l'Union européenne et d'Afrique du Sud–, interrompues depuis le début de l'année, alors qu'Addis Abeba a réitéré son intention d'entamer en juillet le remplissage du réservoir. « La position de l'Ethiopie est que l'Egypte et le Soudan devraient signer un texte qui les rendrait otages de la volonté et des caprices de l'Ethiopie ou accepter (sa) décision unilatérale de remplir le Gerd », a affirmé Mohamed Al-Sebaie. Si l'Ethiopie voit le barrage comme essentiel à son développement et électrification, le Soudan et l'Egypte craignent que le barrage de 145 mètres de haut ne restreigne leur accès à l'eau. Après neuf années de blocage dans les négociations, les Etats-Unis et la Banque mondiale parrainent depuis novembre 2019 des discussions visant à trouver un accord entre les trois pays. Mais celles-ci ont échoué après que le département du Trésor américain a exhorté l'Ethiopie à signer un accord considéré par l'Egypte comme « juste et équilibré ». Addis Abeba a nié l'existence de cet accord et accusé Washington de favoritisme. Le ministre éthiopien de l'Eau a critiqué jeudi Le Caire pour avoir fait part de ses griefs concernant le barrage dans une lettre adressée en mai au Conseil de sécurité de l'ONU. Le Nil, qui coule sur quelque 6.000 kilomètres, est une source d'approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d'Afrique de l'Est.