L'Allemagne a décidé d'expulser deux diplomates russes avec effet immédiat, en réponse au refus des autorités russes de coopérer dans l'enquête d'un meurtre sur son sol. La Russie ne s'en est pas laissée conter et, jugeant le fait « inamical et sans fondement » a, à son tour en guise de représailles, pris la décision d'expulser des diplomates allemands en poste en Russie. Les faits reprochés sont abracadabrants et remontent au 23 août dernier, quand dans un parc du centre de Berlin, un ressortissant géorgien de 40 ans, ancien combattant séparatiste en Tchétchénie, mourrait assassiné. Le parquet fédéral de Karlsruhe se saisit alors de l'affaire. La victime selon le parquet, compétent en matière d'espionnage est Zelimkhan Khangochvili, un Géorgien, ex-commandant insurgé de la deuxième guerre en Tchétchénie (1999-2000). La justice allemande estime que le meurtre de ce Géorgien de la minorité tchétchène, qui avait également dirigé une milice en Géorgie en Ossétie du Sud est lié à la Russie qui avait toutes les raisons de l'éliminer. L'enquête du reste concluait que le meurtre avait été commis « soit pour le compte d'entités étatiques de la fédération de Russie, soit pour le compte de la république autonome de Tchétchénie ». L'auteur du crime un Russe de 54 ans qui a été arrêté sur les lieux du meurtre et que le parquet a vite fait d'identifier est Vadim Krasikov (alias Vadim Sokolov), déjà soupçonné du meurtre d'un homme d'affaires russe, en juin 2013, à Moscou. Il avait vu l'avis de recherche émis par les autorités russes être annulé. Vladimir Sokolov avait ensuite obtenu un passeport en 2015. C'est une fausse identité, mais ses papiers sont valides. Les regards se tournent alors vers Moscou et les services secrets militaires russes (GRU), déjà accusés d'opérations de ce type en Europe, dont la tentative d'empoisonnement de Sergueï Skripal, en mars 2018, un ex-agent russe exilé au Royaume-Uni. « Les autorités russes n'ont pas suffisamment coopéré » conclut la justice allemande d'où ces expulsions en guise de relève de la diplomatie. Cette crise diplomatique prendra-t-elle de l'ampleur au point de remettre en cause la tenue, ce lundi à paris, du Sommet à quatre, avec l'Ukraine, la France et l'Allemagne ? Moscou rage mais n'en désespère pas pour autant. La France pourrait être concernée par cette affaire. En effet le parquet fédéral allemand a adressé aux autorités françaises une demande d'entraide judiciaire internationale pour éclairer des zones d'ombre concernant Sokolov ou Krasikov. C'est en effet, le consulat de France, à Moscou, qui lui a délivré, en urgence, le visa de son entrée dans la zone Schengen et son séjour en France (90 jours avec multiples entrées) avant de commettre son forfait en transitant par Varsovie.