La suppression du portefeuille de l'Eau dont était chargée la « communiste » Charafat Afilal n'en finit pas de faire couler de l'encre et chacun y va de ses propres supputations. Quelle réponse réservent les « Camarades » de Nabil Benabdallah à une décision prise par le gouvernement à l'insu d'un principal allié, mais également et surtout à la part du PPS dans le gouvernement qui rétrécit comme peau de chagrin ? C'est désormais un secret de polichinelle : Le Secrétariat d'Etat chargé de l'eau, qui était dirigé par Charafat Afailal, membre du bureau politique du PPS, a été transformé en direction centrale relevant du ministère de l'Equipement, du transport et de la logistique. La principale concernée, qui déjà ne cachait pas son « aversion » pour les Frères PJDistes, ne décolère pas et dénonce un acharnement dont elle l'objet depuis des mois. La grogne monte également au sein du parti du Livre, qui perd dans la foulée un fauteuil au gouvernement et dont certains membres appellent à un retrait pur et simple de l'exécutif. Justement, dans l'objectif de faire tomber la tension, le Chef du gouvernement, également secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, s'est réuni, lundi 27 août dans la soirée, avec son allié gouvernemental, Nabil Benabdallah pour tenter d'expliquer le pourquoi et le comment de cette décision. Une source bien informée a indiqué à Hespress que lors de la réunion « de haut niveau » entre dirigeants et cadres des deux formations, la délégation du PPS a fait part de son « grand mécontentement » de l'initiative prise par El Othmani d'adresser au Roi Mohammed VI la requête de suppression d'un département dont leur parti a la charge. Selon la même source, le chef de l'exécutif a apporté quelques éclaircissements que Benabdellah transmettra, ce mardi même, à ses camarades du bureau politique lors d'une réunion consacrée à cette question. Les choix qui s'offrent au PPS sont très limités. Il pourrait choisir l'option radicale consistant à se retirer du gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani, avec les conséquences que cela implique avec l'approche des prochaines échéances électorales, ou bien arrondir les angles, et « dénoncer avec force, dans un communiqué, la suppression du Secrétariat d'Etat chargé de l'eau » et rester dans la coalition avec deux portefeuilles orphelins : Santé et Habitat. Selon des observateurs de la scène politique nationale , l'éviction de Charafat Afilal n'est que l'épilogue d'un bras de fer qui oppose depuis un certain temps le ministre de l'Equipement, du transport et de la logistique, Abdelkader Amara, et sa secrétaire d'Etat remerciée. Ce serait même Amara qui avait, dans un premier temps, proposé au chef du gouvernement de supprimer le Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de le transformer en direction centrale. Il aurait appuyé sa proposition par un rapport d'audit interne sur ce département. L'audit, menée par le secrétaire général du ministère et confortée par les conclusions de la Cour des comptes, aurait mis en avant des dysfonctionnements dans la gestion du département dont était en charge Charafat Afilal. Toutefois, si le « ministère » a effectivement disparu de la nomenclature gouvernementale, la désormais ex-secrétaire d'Etat (détentrice du portefeuille), nommée par dahir royal, restera membre du gouvernement tant que le roi n'a pas expressément mis fin à ses fonctions, en vertu de l'article 47 de la constitution de 2011.