Parmi les 42 manifestants arrêtés pour avoir brandit le drapeau Amazigh lors des manifestations hebdomadaires en Algérie, 22 ont connu leur sentence. Ils étaient poursuivis pour « atteinte à l'unité nationale ». Les détenus ont écopé d'une année de prison, assortie d'amende, un verdict jugé trop sévère et qui aggrave la fracture avec la rue algérienne. C'est dans la nuit de lundi à mardi que les premiers 22 condamnes ont été fixés sur leur sort après avoir manifesté avec un drapeau Amazigh. Le tribunal de Sidi M'Hamed de la capitale algérienne a donné son verdict à 2h30 du matin condamnant ces personnes à un an de prison, dont six fermes et une amende de 30.000 dinars (un peu plus de 2.400 dirhams). Alors que le verdict se faisait attendre devant le plus important tribunal du pays, au moins 200 personnes, des sympathisants de la cause de ces détenus d'opinions, ont manifesté pour leur libération. Sur Twitter, Said Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) a déclaré qu'il s'agissait du « plus grand procès des détenus d'opinion, porteurs du drapeau amazigh », depuis le début de ce mouvement né le 22 février. Dans cette affaire qui envenime la situation déjà incendiaire dans le pays, le Parquet avait requis deux ans de prison et 100.000 dinars (environ 8.000 dirhams) d'amende et la confiscation des drapeaux, selon Salem Khatri, membre du collectif de défense fort de 70 avocats. Un procès plus que discutable De son côté, la défense a plaidé pour l'acquittement des sept premiers accusés, arguant qu'il « n'existe aucune loi interdisant de brandir un drapeau amazigh et que la Constitution précise que l'amazighité est l'une des composantes de l'identité nationale« . Les avocats ont également dénoncé la durée relativement longue de la procédure « dans une affaire qui n'exige pas quatre mois d'instruction, d'autant que le dossier ne contient que les procès-verbaux d'audition« , a ajouté Salem Khatri. Si les premiers prévenus dans l'affaire ont connu la sentence de la justice, 20 autres vont devoir encore attendre. Leur procès a été renvoyé au 18 novembre, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Et les arrestations en lien avec cette « atteinte à l'unité nationale » se poursuivent. Lundi, Mohamed Tadjadit, un jeune activiste du groupe Casbah-Bab El Oued a été arrêté par des hommes en civil lors du sit-in de soutien aux détenus d'opinion devant le tribunal de Sidi M'hamed, indiquent les médias algériens. Pour rappel, ce mouvement d'arrestations -largement dénoncées par la population- intervenant contre les manifestants, intervient au lendemain d'un discours du chef d'état-major, le général Ahmed Gaid Salah, qui a interdit qu'un autre drapeau que celui de l'emblème national ne soit brandit, faisant référence au drapeau Amazigh.