En marge d'une réunion tenue récemment à Tanger, consacrée à l'étude d'un ensemble de dossiers liés à la question amazighe, un groupe d'organisations du Mouvement culturel amazigh s'est arrêté sur deux sujets jugés « importants ». Il s'agit de « la situation de l'enseignement de Tamazight » et du « statut de l'identité amazighe dans toutes ses composantes ». Les détails. Concernant le premier sujet, les participants à cette réunion (acteurs associatifs issus de 17 ONG locales, régionales, nationales et internationales) se sont accordés sur les « problèmes et les obstacles rencontrés pour l'intégration de Tamazight dans le système éducatif« . Ils estiment que « l'année scolaire en cours a été le théâtre de nombreuses violations » de l'enseignement de cette langue, notamment « son retrait dans un ensemble d'établissements d'enseignement« . Sentiments mitigés Les présents à cette réunion ont ainsi déclaré que « certains délégués du ministre de tutelle ont retiré le mandat d'enseigner le Tamazight aux enseignants spécialisés en les forçant à enseigner l'arabe ou le français« . Ils dénoncent sur ce même volet une « exclusion » dont seraient victimes, les enseignants diplômés du Cycle d'études amazighs des Centres régionaux de l'Oriental. Le collectif commente en expliquant à Hespress FR que « ces mesures d'exclusion non démocratiques vont à l'encontre de la volonté du peuple, sapent les promesses de l'Etat, réfutent ses slogans concernant la restauration de la langue, de la culture et de l'identité Amazighes, exposent le mensonge de l'intégration de l'Amazigh dans le système éducatif et révèlent l'ampleur du mépris accordé à ce dossier vital« . Démographie linguistique Sur le second sujet, le tissu associatif réuni à Tanger donne son avis sur les résultats du dernier « Recensement concernant le pourcentage de locuteurs amazighs à Amour nouakouch (le nom par lequel ces activistes désignent le Maroc)« , réalisé par le Haut Commissaire au Plan Ahmed Lahlimi. Ce rapport public indique que « la proportion de locuteurs de Tamazight ne dépasse pas 27%« , ce qui est « sans aucun doute faux« , selon les acteurs associatifs. Ils arguent qu'il s'agit d' »un résultat artificiel conditionné par les antécédents idéologiques et les convictions exclusives de ses rédacteurs, dans le cadre d'une politique systématique et d'un système délibéré visant à mener à bien le plan d'arabisation complète du Maroc« . Sur cette base, ces organisations rassemblées dans le socle du Mouvement culturel amazighe déclarent à l'opinion publique nationale et internationale qu'ils condamnent « le crime d'oblitération cherchant à éliminer la langue, la culture et l'histoire identitaires Amazighes« , et « le traitement réservé par l'Etat à la marginalisation, à l'exclusion et au mépris des Amazighs sur leurs terres« . Opération reprise en main En guise de revendications, ils demandent à l'Etat d' »assumer sa responsabilité et de s'acquitter de ses obligations envers toutes les composantes de l'identité amazighe (langue, culture, civilisation et patrimoine historique)« , et de « respecter ses engagements vis-à-vis des conventions internationales qu'il a signées et ratifiées« . Soulignant la nécessité pour l'Etat de préserver le patrimoine historique et culturel de l'Amazighe et de lui donner toutes les possibilités de développer sa langue et sa culture, ils appellent par ce même biais l'Etat à « réformer sérieusement et globalement l'enseignement pour fournir tous les moyens nécessaires à l'intégration de la langue maternelle des Marocains dans le système éducatif« .