Syndicats d'enseignants, d'ingénieurs, de médecins et d'avocats ont déclenché un vaste mouvement de grève « jusqu'à la chute du régime », paralysant la plupart des écoles publiques et des administrations de la capitale et des villes du sud de l'Irak. La Place Tahrir à Bagdad est toujours noire de monde et la mobilisation est toujours de mise dans la capitale et les autres villes insurgées du pays. Trois manifestants ont été tués par balles lors de violences dans la nuit de dimanche à lundi aux abords du consulat iranien de Kerbala, au sud de Bagdad. Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles en tentant de défendre la résidence consulaire. La République islamique d'Iran, accusée par le mouvement de contestation d'être l'architecte du système corrompu dont il réclame la chute se trouve dans la ligne de mire des manifestants. La rébellion populaire née il y a plus d'un mois en Irak se targue d'un bilan macabre de plus de 260 morts. Partie sur un élan populaire, la contestation après une accalmie de deux semaines (pèlerinage chiite) a repris de plus belle et ce sont les étudiants et les syndicats qui sont en charge du flambeau. Pour cela, ils organisent les manifestations en appelant à la désobéissance civile dans la capitale Bagdad et les villes insurgées d'Irak avec pour seul mot d'ordre rester unis jusqu'à la chute du régime. S'il est vrai que ce dernier vacille, cependant tel le roseau de la fable, pour le moment, il plie, mais ne rompt pas. À force de subterfuges politiques et de répression, il résiste à la pression populaire. Il faut dire aussi, que les camps chiites proches de la mouvance iranienne celui du dignitaire populiste Moqtada al Sadr, chef de file du premier groupe au Parlement et son rival, Hadi al Amiri à la tête d'une alliance de milices pro-iraniennes et qui forme le second groupe au « majlis » irakien, lui sont d'une précieuse aide quoique, se voulant du moins pour le premier proche de la rue. Cela étant, sur le terrain la mobilisation ne faiblit pas. Depuis plusieurs jours les manifestants ont opté pour le blocage des routes notamment celles du sud du pays ravitaillant le pays d'importations et particulièrement celles vitales de l'alimentation. Le port d'Oum Qasr en a vu ses activités s'en ressentir. Nombre de bateaux reprennent la mer sans décharger leurs cargaisons. Cette situation a fait réagir le président irakien Adel Abdel Mahdi, qui est sorti de son silence dimanche soir, assurant que « de nombreuses revendications ont déjà été satisfaites » et qu'il fallait maintenant « retourner à la vie normale ». Mais la normalité de la chose en Irak pour le moment est dans la rue que des manifestants en colère n'ont toujours pas l'intention de quitter.