Alors que la contestation, fait rage à Bagdad, ainsi que dans la plupart des grandes villes chiites du sud d'Irak, et que le bilan macabre a grossi d'une dizaine de victimes, deux principaux soutiens du pouvoir en place et donc du Premier ministre irakien sont en train de lui « scier les pieds », si l'on peut oser l'expression. En effet, dans ce pays, qui depuis le début du mois a enregistré plus de 250 morts et plus de 8.000 blessés, deux responsables chiites Moqtada Al-Sadr et Hadi Al-Améri ont annoncé qu'ils allaient travailler ensemble à retirer la confiance du gouvernement. Illusion faite, au-delà de l'équipe gouvernementale, au Premier ministre Adel Abdel Mahdi. Ce dernier, du reste, s'y attendait et il l'a fait savoir aux deux concernés, qui vont œuvrer à l'évincer, en les invitant à se mettre d'accord sur une autre personnalité pour le remplacer au gouvernement, sans appeler à la convocation d'élections anticipées, comme le voulait le leader populiste chiite Moqtada Al-Sadr. C'est justement l'appel à des élections anticipées qui est la cause de la discorde au sein de la coalition. Mais on voyait venir le dignitaire chiite, Moqtada al Sadr, chef de file du premier groupe au Parlement, qui a finalement réussi à rallier son rival, Hadi al Amiri, à sa cause. Mais ce fut dur entre les deux hommes, car depuis des semaines, c'était tendu. Aujourd'hui, ils ont l'occasion de s'entendre afin d'élaborer une stratégie pour éjecter l'indépendant, Adel Abdel Mahdi, peu populaire et sans partisans. Hadi al Amiri, qui lui, est à la tête d'une alliance de milices chiites pro-iraniennes, forme le deuxième groupe au Parlement. Et s'il a accepté le deal le 29 octobre, et a promis très tard dans la nuit de mardi à mercredi dans un communiqué : « nous allons travailler ensemble dans l'intérêt du peuple irakien et pour sauver le pays », ce n'est certainement pas sans calcul. L'accord entre les deux leaders chiites, en tout cas, enclenche une mécanique de destitution du Premier ministre irakien. Et la procédure a eu vite fait d'être entamée, ce dernier devait faire face à une motion de défiance devant l'Assemblée, a gazouillé Moqtada Al-Sadr dans un Tweet. L'entrée en scène de ces deux principaux acteurs dans la crise irakienne n'est pas vue du plus bel œil par la rue. Cette dernière n'a jamais voulu d'immiscions, ni politique, ni religieuse dans sa révolte qui n'a rien de spirituel et qui trouve sa raison d'être dans la crise socio-économique que traverse l'Irak (corruption, absence d'infrastructures, chômage...).