L'offensive lancée mercredi par la Turquie contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, a suscité une vague de critiques et de condamnations à travers le monde, outre le fait qu'elle expose Ankara à de lourdes sanctions américaines. Après des raids aériens lancés contre des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, le ministère turc de la Défense a annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l'opération. « Les forces aériennes et l'artillerie ont jusqu'ici frappé 181 cibles appartenant au groupe terroriste », a précisé le ministère sur Twitter. Cet assaut a d'ores et déjà fait 15 morts dont 8 civils, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui fait également savoir que des « milliers de déplacés » fuient les zones bombardées. Condamnation internationale Ouvrant le bal des condamnations, le président américain Donald Trump a estimé que l'opération d'Ankara était « une mauvaise idée ». Il a de même « souhaité » que le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan agisse de manière « rationnelle » et aussi « humaine » que possible. De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a convoqué une réunion en urgence jeudi. La France a, quant à elle, « très fermement » condamné l'incursion turque, qui « doit cesser ». Emboîtant le pas à Paris, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a exprimé sa condamnation, alors que l'Allemagne a estimé que l'opération risquait « de provoquer une résurgence » de l'EI, et Londres a dit sa « sérieuse préoccupation ». Allié d'Erdogan, le président russe Vladimir Poutine avait, avant le déclenchement de l'offensive, appelé son homologue Erdogan à « bien réfléchir ». L'Egypte a pour sa part jugé cette « attaque inacceptable » et Ryad a condamné « l'agression » de la Turquie en Syrie. Pour sa part, Amnesty International a souligné qu' »à la fois les forces turques et kurdes » avaient, « dans le passé, mené des attaques aveugles en Syrie » ayant « fait de nombreuses victimes parmi les civils ». L'ONG a exhorté à faire en sorte que « cela ne se reproduise pas ». Les autorités syriennes, en première ligne, se sont engagées à « contrecarrer toute agression » de la Turquie, se disant prêtes à « accueillir » la minorité kurde. En outre, la Ligue arabe a convoqué une réunion d'urgence samedi pour discuter de l'offensive lancée par la Turquie contre les forces kurdes en Syrie. « A la suite d'une demande de l'Egypte, les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront au Caire le 12 octobre pour discuter de l'agression turque sur le territoire syrien », a déclaré tard mercredi Hossam Zaki, secrétaire général adjoint de la Ligue dans un communiqué. L'offensive turque « viole le droit international et constitue une attaque inacceptable contre la souveraineté d'un Etat membre » de la ligue, a estimé Zaki.