Le Suisse, lauréat en 2015, vivra, ce dimanche, une deuxième finale à Roland-Garros. Face à lui, se dressera l'Espagnol, nonuple lauréat qui vise une vertigineuse «decima». Après la sensation Jelena Ostapenko (47e mondiale, née il y a 20 ans, le jour du premier sacre parisien du Brésilien Gustavo Kuerten qui était alors 66 e joueur mondial), le tapis ocre sera, ce dimanche, déroulé, sous des souliers habitués. Un combat de poids lourds. Face-à-face Stan Wawrinka (1 finale à Roland-Garros, 1 titre) qui a dominé Andy Murray 6-7 (6/8), 6-3, 5-7, 7-6 (7/3), 6-1 en 4h34 à l'issue d'une demi-finale suffocante et Rafael Nadal (9 finale, 9 sacres) qui a littéralement étouffé Dominic Thiem 6-3, 6-4, 6-0 en 2h07. Des joueurs qui n'aiment pas mordre la poussière… Stan Wawrinka (32 ans et 75 jours) s'inscrit comme le plus vieux finaliste à Paris depuis Niki Pilic en 1973. L'homme qui ne perd pas en finale de Grand Chelem (3 apparitions pour 3 sacres : Open d'Australie 2014, Roland-Garros 2015, US Open 2016) dispute, dimanche, un nouveau sommet. A Roland-Garros. La 7e finale en 11 ans pour un Suisse à Paris. Wawrinka, puncheur au grand cœur aura, avec ses coups et sa force de conviction séduit les spectateurs et fait presque oublier Roger Federer, le grand absent du tableau masculin... En conférence de presse, vendredi, après vingt minutes de bain glacé, Wawrinka n'a jamais pu éteindre le sourire qui ornait son visage radieux: « J'aimerais profiter... Une finale de Grand Chelem, on ne vit pas ça tous les jours.» Même en le répétant, il devait se pincer pour y croire : « Une 4e finale de Grand Chelem, ce n'est pas normal... Je suis heureux... »
«Nadal, en finale à Roland-Garros, c'est le défi suprême sur terre. C'est un monstre.» «Monsieur 100% en finale de Grand Chelem» a pris le temps de revisiter les précédents sommets escaladés avec virtuosité lors de l'Open d'Australie 2014 (sacre contre Rafael Nadal), de Roland-Garros 2015 (titre contre Novak Djokovic) et de l'US Open 2016 (trophée de nouveau brandi face au Serbe). Finales remportées contre des n°1 mondiaux en déployant un jeu de haute volée : «Lors de la première, j'étais heureux, détendu en entrant sur le court. La seule chose qui m'a stressé, c'est quand j'ai vu que je pouvais gagner. Pour les deux autres, j'étais fébrile, tendu, c'était très difficile pour moi, pour les gens autour de moi. Quand vous entrez, il faut se focaliser sur ce que vous savez faire.» Surtout lorsque la dernière étape propose de se frotter au monumental Rafael Nadal, légende vivante des lieux (78 victoires-2 défaites, 1 abandon et 9 sacres depuis ses débuts à Roland-Garros en 2005) qui mène 15 victoires à 3 dans le face-à-face contre le Suisse. L'Espagnol (31 ans) ne s'est pris les pieds dans le tapis qu'une fois en 24 matches durant la saison sur terre battue (en quarts de finale à Rome contre Thiem) marquée par 3 titres à Monte-Carlo, Barcelone et Madrid. A Roland-Garros, il n'a pas concédé un seul set et n'a lâché que 29 jeux en 6 matches. Démoniaque. Comme à ses plus belles heures. Nadal déroule, impressionne semble indestructible.
Le Brésilien Gustavo Kuerten (sacré à Roland-Garros en 1997, 2000 et 2001) a, subjugué, par la démonstration de force, résumé : «C'est le grand favori. Et je pense qu'on peut même prévoir un 12e, 13 e et même un 15 e titre. Rafa est encore tout à fait capable de beaucoup nous surprendre.» Conscient du défi et du danger, Stan Wawrinka pose, lui : «Nadal, en finale à Roland-Garros, c'est le défi suprême sur terre. C'est un monstre. Il est pratiquement injouable sur terre (52 de ses 72 titres sur la surface ocre). Il va être très difficile à battre. Mais sur une finale, tout peut arriver.» Revers de plomb, physique, expérience, Stan Wawrinka a les qualités pour espérer enrayer Rafael Nadal, mécanique diabolique. La terre est prête à trembler...