Le réalisateur Lotfi Ait Jaoui a présenté à la presse, lundi 23 janvier, son nouveau long-métrage en salle mercredi. Il s'agit d'une comédie sociale autour de la figure du « Chettah » qui se veut une ode à la tolérance et l'acceptation de l'autre. Dans la commune de Tahanoute, proche de Marrakech, un jeune coach sportif nommé Rabiæ se voit contraint de faire équipe avec une troupe de musique populaire pour danser comme « Chettah » (danseur travesti) afin de décrocher une subvention européenne. Objectif: rénover et équiper sa modeste salle de sport, et ainsi vivre dans de meilleures conditions avec sa fiancée, Jamila. Que se passera-t-il si son père, imam très pieux, l'apprend ? Que dira son futur beau-père, président de la commune, voit son futur gendre se travestir et se déhancher au rythme entêtant des notes de l'aïta ? Voici le synopsis du nouveau long-métrage de Lotfi Ait Jaoui qui propose ainsi une comédie sociale drôle et burlesque. Autour du personnage du « Chettah », le réalisateur partage un message de tolérance et d'acceptation de l'autre « tel qu'il est ». « Accepter et respecter l'autre, cela veut dire l'accepter tel qu'il est et non comme j'aimerais qu'il soit. Et accepter une personnalité ou des opinions différentes des nôtres ne signifie pas devoir changer notre manière de penser. Au Maroc, il y a une grande diversité et c'est ce qui fait sa force », explique Ait Jaoui lors de l'avant-première destinée à la presse ce lundi 23 janvier. « Nos parents vivaient avec Bouchaib El Bidaoui sans aucun complexe » Le « Chettah » représente une figure importante du patrimoine culturel et artistique populaire marocain. On le retrouve notamment dans les « halka » de la fameuse place Jemaa El Fna à Marrakech ou encore dans les cérémonies de mariage et les foires. Ancré naturellement dans la culture musicale et du spectacle au Maroc, le « Chettah » est de plus en plus mal vu aujourd'hui par certaines personnes, constate le réalisateur. « Dans l'Histoire marocaine, Bouchaib El Bidaoui est un artiste très populaire. Nos parents vivaient avec cette personne, en toute cohérence et sans aucun complexe », commente-t-il, ajoutant que ce film est aussi un hommage au danseur casablancais décédé alors qu'il n'avait que 37 ans, ainsi qu'à « ce type de danse qui existe depuis longtemps et existera toujours ». Lire aussi : Tanger: Projection en avant-première du film « Morjana » de Jamal Souissi C'est Abdelilah Rachid, remarqué notamment dans « Les chevaux de Dieu » de Nabil Ayouch (2012) et la série télévisée « Rdat Lwalida » (2017-2019), qui a été choisi pour incarner Rabiæ, le « chettah » malgré lui. Jonglant entre jogging de sport et robe à paillettes, l'acteur de 38 ans est sorti de sa zone de confort. « C'est la première fois que j'interprète un tel personnage, assez différent de ceux que j'ai pu jouer au cinéma ou à la télévision. Ce n'était pas un rôle facile… J'ai dû travailler sur mon psychique, mon corps, apprendre à danser comme un « Chettah », me familiariser à toute la culture autour de ce métier… Être déguisé ainsi déjà n'est pas facile », témoigne Abdelilah Rachid qui confie avoir accepté ce projet justement pour son caractère « différent », autant au niveau du rôle que du scénario. A ses côtés, le film rassemble Ayoub Abounasser, Ben Issa El Jirari, Jamal Lababsi, Zhour Slimani, Asmaa Khamlichi, Abdellatif Chaouqi, Abdelilah Amal, Basma Mazouzi, Adil Louchgi, Sonia Okacha, Jawad Sayeh, Kamar Saadaoui, Abderrahim Benzbiri et Jawad Qanana. Sur le réalisateur: Lofti Ait Jaoui a fait ses armes en tant qu'assistant réalisateur sur de nombreux plateaux de tournage au Maroc et à l'étranger. On cite «L'Algérie des chimères» de François Luciani en 2001, « Kingdom of Heaven » de Ridley Scott, «Prince of Persia» de Mike Newell, «The Bible», «Prison Break», etc. Il a réalisé plusieurs courts-métrages, des documentaires, un film pour la télévision («El Ghadi» sur Al Aoula, 2020-2021) et à présent un long-métrage, « Chettah », en salle au Maroc le 25 janvier 2023.