Actuellement en tournage à Marrakech, le nouveau long métrage de Lotfi Ait Jaoui « Chettah » (Le danseur) avec à l'affiche Abdelilah Rachid, Basma Mazouzi et Asmaa Khamlichi, est une comédie légère en hommage à la légende de la Aïta marocaine, Bouchaib Bidaoui. Dans son nouveau film, tout comme ses pairs auparavant Daoud Oulad Syed (Adieu Forain, 2002) ou Hicham Lasri (The Se ais behind 2015), le réalisateur Lotfi Ait Jaoui s'attaque à un sujet sensible à travers une histoire légère. Un sujet devenu tabou et qui autrefois été toléré dans un Maroc qui acceptait les hommes travestis « danseurs et chanteurs habillés en femmes » qui égayaient les cérémonies de mariages ou se produisaient librement et sans gêne dans les arènes populaires « Heleqas » comme celle de la célèbre place Jamaa El Fna.
Lotfi Ait Jaoui
Le film raconte l'histoire de Rabih Ibn Imam (Abdelilah Rachid), coach sportif, est convaincu avec l'aide de sa fiancée, Jamila (Basma Mazouzi), fille du président de la commune et de Malika (Asmaa Khamlichi) qu'il doit danser en robe féminine pour remplacer Hassan, membre d'un groupe de musique populaire qui a la cheville fracturée. Rabih est alors entrainé par Hassan et les membres du groupe dans le plus grand secret pour respecter le délai imposé par un fond de financement européen et réaliser leurs rêves respectifs. « A travers mon film, je veux affirmer que le Maroc peut accueillir tout le monde, confie le réalisateur. La liberté et la différence sont à la base de la coexistence. Dans le passé, le travesti pouvait danser normalement dans la grande place de Jamaa El Fna à Marrakech, et sa danse était acceptée et coexistait avec d'autres types d'art dans l'arène en parfaire harmonie ».
Hommage à Bouchaib Bidaoui
Bouchaib Bidaoui
Le film se veut également à hommage à Bouchaib Bidaoui (1929-1964), une figure emblématique de l'art de la Aïta Marsaouia et une référence qui a marqué plus d'une génération. Impressionné par la Cheikha « Arrono », une chanteuse marocaine d'origine juive, il a su renouveler cet art et le populariser tout en bousculant son époque en se mettant dans la peau d'une femme chikha. « En quelques années à peine, il a prouvé que l'art est avant tout une question de talent, d'innovation et d'imagination », nous explique Lotfi Ait Jaoui. « Dans ce film rythmé, j'ai envie de donner vie à ces personnages à part, leur donner plus de valeur, à travers des situations comiques et tendres ».
Le réalisateur qui a travaillé sur plusieurs productions étrangères en tant qu'assistant réalisateur (« L'Algérie des Chimères » de François Luciani, « Kingdom of Heaven » de Ridley Scott, « Prince of Persia » de Mike Newell, « Charlie Wilson's war » de Mike Nichols...), affirme que son film « Chettah » est une comédie légère qui va soulager le spectateur après une année de confinement marquée par une crise sanitaire sans précédent. Il permettra aux gens de retrouver leur sourire et leur joie de vivre en paix ». Chettah sera qui sera diffusé sur Netflix sera également projeté en salles de cinéma ainsi que dans les festivals nationaux, avec une distribution à l'international.