Si la majorité des députés et conseillers des deux chambres du parlement ont consacré leurs interventions lundi à dénoncer l' »ingérence européenne », certains d'entre eux ont demandé la libération des détenus politiques. « A la Fédération de gauche démocratique, nous considérons, à partir de nos constantes, que la souveraineté de tout Etat passe essentiellement par l'établissement d'une vraie démocratie et l'instauration des droits de l'homme, la cessation de la détention politique, la non-restriction des libertés d'expression », a affirmé la députée Fatima Tamni de la Fédération de gauche démocratique (FGD), lundi au parlement. « C'est donc pour nous une occasion de rappeler que nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques, journalistes et blogueurs », a-t-elle ajouté, estimant que « C'est comme ça que nous pourrons faire face à n'importe quel complot, dénigrement ou connivence qui visent la Nation ». Dans son intervention, Nabila Mounib du Parti socialiste unifié (PSU) a commencé par souligner que « le Maroc est un pays souverain et « indépendant dans ses décisions ». « Nous ne pouvons que condamner le fait de revoir des ordres émanant de n'importe quelles parties extérieures », a poursuivi la députée. « En même temps, le Maroc reste attaché à sa relation avec l'Union européenne qui lui a accordé le statut de partenaire privilégié dans le partenariat européen », a-t-elle tempéré ensuite, avant de réaffirmer que le Maroc « n'attend de leçons de personne ». Elle a conclu son intervention en estimant qu'il était temps de « discuter loi d'amnistie générale, pour gracier les détenus du Hirak populaire du Rif et mettre en œuvre les recommandations de l'Instance équité et réconciliation ». Les deux députées de gauche n'ont pas été les seules à demander la libération des détenus politiques lors de cette séance parlementaire. Abdellah Bouanou (Parti de la justice et du développement, opposition) a cité des dysfonctionnements dans le domaine des droits de l'Homme, alors que le président du groupe de la Confédération démocratique du travail a demandé la libération de « tous les prisonniers ». Lire aussi: Vidéo. Le Parlement marocain rejette « l'ingérence » des députés européens Le parlement a décidé lundi de « reconsidérer ses relations avec le Parlement européen (PE) en les soumettant à une réévaluation globale, visant à prendre des décisions fermes et appropriées, suite aux dernières positions du Parlement européen à l'égard du Maroc », ont annoncé les deux chambres dans one déclaration lue par Rachid Talbi Alami. La déclaration fait suite à l'adoption, la semaine dernière par le parlement européen, d'une résolution à une large majorité demandant les autorités marocaines de « respecter la liberté d'expression et la liberté des médias » et de à mettre fin au « harcèlement de tous les journalistes ». Les eurodéputés ont cité notamment le cas d'Omar Radi, un journaliste indépendant de 36 ans, condamné à six ans de prison ferme pour « viol » et « espionnage », accusations qu'il nie. Le « Parlement marocain prend note avec grand étonnement et profonde consternation de cette résolution, qui a gravement nui au capital confiance entre les deux institutions législatives, et porté profondément atteinte aux acquis positifs du travail commun sur plusieurs décennies », indique-t-on dans cette déclaration.