Cela fait maintenant plus d'un an que Nabila Rmili dirige la ville la plus riche du Maroc. Si elle se sent offusquée par la vue des charrettes, elle devrait également constater que bien d'autres anachronismes irritent davantage les Casablancais et polluent, au vrai sens du terme, leur quotidien. « Smart city », voilà un concept qui sonne bien. Qui claque ! La maire de Casablanca, Nabila Rmili, l'a récemment évoqué en annonçant le bannissement pur et simple des charrettes des rues de notre capitale économique. Pour madame la maire, la persistance en 2022 de véhicules à traction animale ne sied pas à une ville qui se veut intelligente. On peut évidemment le comprendre. Mais quelque chose d'autre interpelle dans le message qu'a écrit l'édile sur son compte Twitter. « Nous n'acceptons plus la vue de charrettes à traction animale dans les rues de Casablanca ». C'est donc « la vue » d'une telle horreur qui a poussé la maire à réagir. On l'imagine d'ailleurs volontiers assise à l'arrière de sa voiture de fonction, en train de scroller l'écran de son smartphone quand soudain, une vilaine « karouila » tractée par un bourricot affamé vient lui chiper la priorité. Face à cet insoutenable incident, madame la maire ne peut s'empêcher de dégainer son compte Twitter pour décréter illico la fin de ces véhicules d'un autre âge. Cela fait maintenant plus d'un an que Nabila Rmili dirige la ville la plus riche du Maroc. Si elle se sent offusquée par la vue des charrettes, elle devrait également constater que bien d'autres anachronismes irritent davantage les Casablancais et polluent, au vrai sens du terme, leur quotidien. Lire aussi: Vidéo. Bannis de Casablanca, les charretiers réclament des alternatives À quand une Smart city où les enfants pourront grandir sans attraper de maladies cardio-respiratoires? À quand un tweet pour s'indigner de l'absence de trottoirs dans une ville où les parents ne peuvent promener leurs enfants sur une poussette? À quand une Smart city où les personnes à mobilité réduite pourront accéder à une mouqata'a sans demander l'aide d'un chaouch à l'affût de son «pourboire» ? À quand une ville où les feux rouges ne seront plus squattés par des vendeurs de kleenex qui ont l'âge d'aller à la maternelle? À quand des pistes cyclables où les vélos pourront circuler sans risquer de se faire renverser? À quand une ville sans chantiers interminables? Quand nos automobilistes pourront-ils rouler sans que les pneus de leurs voitures ne crèvent à cause d'un trou sur la chaussée? Une ville intelligente n'est-elle pas une ville qui pense à tous ses habitants: aux femmes, aux cyclistes, aux enfants, aux piétons, aux handicapés, aux personnes âgées, aux charretiers…? La liste est longue madame la maire. Bien-sûr qu'il faut bannir les charrettes de nos villes, mais pas avant de leur trouver des alternatives. Et ne nous dites surtout pas que les triporteurs feront l'affaire.