Figure emblématique de la lutte antiterroriste au Maroc, Abdelhak Khiame n'est plus. Retour sur le parcours d'un homme de l'ombre qui a marqué de façon indélébile le corps sécuritaire marocain. Abdelhak Khiame, ancien grand patron du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ) s'est éteint à l'âge de 64 ans. Connu du grand public, le natif de Casablanca, plus précisément du quartier Derb Sultan, qu'il chérissait tant, a façonné à jamais la manière de procéder de cette police d'élite. Diplômé de l'Institut royal de police, Abdelhak Khiame travaillera essentiellement à Casablanca avant d'être nommé en 2004 à la tête de la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ), succédant à Younes Jamali, dont il était l'adjoint. Cette nouvelle mission sera de courte durée, étant donné que moins d'une année plus tard, Khiame se verra confier la direction du tout nouveau le Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ) également appelé le FBI marocain. Un poste hautement sensible, ne rendant toutefois pas Khiame craintif des médias, bien au contraire. Il instaurera des conférences de presse régulières et se livrera volontiers dans des interviews auprès de médias nationaux et étrangers. Qualifié de «franc et direct» par les journalistes, Abdelhak Khiame fait de la sensibilisation une tâche primordiale de ces services. «L'opinion publique doit être sensibilisée aux menaces et dangers terroristes (...) les Marocains peuvent contribuer à nous aider», disait-il. Pendant cinq longues années, Abdelhak Khiame dirigera d'une main de fer ses services, constamment en alerte face à la menace terroriste qui grandissait sur le sol marocain, mais aussi dans les quatre coins du monde. Le Bureau collaborera d'ailleurs avec de nombreux pays, leur fournissant des informations précieuses pour éviter des drames. « Professionnels et fiables, nos services de renseignements ont fait leurs preuves. De l'Espagne, avec laquelle nous avons mené plusieurs opérations conjointes, jusqu'au Danemark, en passant par la France, la Belgique ou l'Italie, le Maroc a livré de précieux renseignements qui ont contribué à déjouer des attentats », affirmait-il dans une interview. «Il est l'homme des affaires sensibles. Il est peu prolixe, mais a gardé la chaleur des habitants des quartiers populaires [il est issu de celui de Derb Sultan, à Casablanca] et sait s'adapter à toutes les situations», témoignait l'un de ses proches. Le 29 novembre 2020, Cherkaoui Habboub succède à Abelhak Khiame à la tête du BCIJ. Le nouveau patron maintiendra tout comme son prédécesseur une certaine transparence vis-à-vis des médias. Abdelhak Khiame est décédé mardi 23 août des suites d'une longue maladie à l'âge de 64 ans.