Un ensemble d'ambassadeurs et chefs de mission accrédités au Maroc ont rédigé une lettre ouverte sur l'insécurité alimentaire qui menace le monde. Une insécurité causée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pour faire face à cette crise alimentaire mondiale, de nombreux pays et organisations, exportateurs comme importateurs de produits alimentaires, se sont réunis ce vendredi 24 juin 2022 à Berlin, afin d'explorer des solutions permettant de maintenir ouverts les marchés agricoles mondiaux. Ils sont au nombre de 2,37 milliards, soit près d'un être humain sur trois. C'est le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave dans le monde, selon un décompte de l'ONG internationale humanitaire «Action contre la Faim». Parmi ces personnes, 811 millions sont aujourd'hui touchés par la famine. «Les marchés mondiaux du blé sont entrés dans une période d'extrême volatilité des prix, à cause de la crise créée par l'invasion de l'Ukraine par les forces russes», lit-on dans ladite lettre écrite par les ambassadeurs et chefs de mission accrédités au Royaume. En effet, les pénuries de nourriture et d'engrais dans de nombreux pays et l'accélération des flambées des prix des denrées alimentaires menacent de déstabiliser des sociétés fragiles, d'accroître la faim et la malnutrition, de stimuler les migrations et de provoquer de graves bouleversements économiques. «Il est indéniable que l'agression de Poutine contre l'Ukraine met en danger l'approvisionnement mondial en céréales, attisant l'insécurité alimentaire chez les populations les plus vulnérables du monde. La solution à cette crise immédiate est simple: le régime russe doit cesser son agression brutale contre l'Ukraine», explique la même lettre. La faim utilisée comme une arme Selon les auteurs du document, la cause de la crise céréalière est claire. Les forces russes ont empêché l'exportation de 20 millions de tonnes de céréales collectées d'Ukraine vers des pays du monde entier, le Maroc inclus. De plus, des rapports crédibles indiquent que l'armée de Poutine, en violation des lois et des accords internationaux, pourrait transporter du blé d'Ukraine vers des zones contrôlées par la Russie, privant ainsi les pays qui ont un besoin urgent d'importations de céréales. Lire aussi: L'Ukraine a perdu «un quart de ses terres cultivables» à cause de l'offensive russe «Le régime russe lui-même a choisi d'arrêter les exportations de son propre pays de nombreuses sortes de céréales, ainsi que d'engrais, ou de n'exporter que vers les pays qu'il considère comme des "nations amies" .Ce qui ne fait qu'aggraver la situation davantage», relève-t-on de la lettre. Lesdits ambassadeurs et chefs de missions soulignent que si cela prouve une chose c'est qu'il montre également que le président Poutine est pleinement conscient que son agression menace le monde de faim. Liste des personnes ayant rédigé la lettre ouverte. DR. «La décision de militariser la nourriture appartient à Moscou – et à Moscou seule, elle vise à contraindre la communauté internationale à accepter l'invasion et l'occupation de l'Ukraine. Seulement, la sécurité alimentaire et la nutrition sont des biens publics, et la faim ne doit pas être utilisée comme une arme», affirment les auteurs de la lettre. En ce sens, les pays européens voisins de l'Ukraine, comme la Roumanie et la Pologne, viennent à la rescousse en transportant des céréales par voie terrestre, comme il a été le cas avec l'appel d'offres de blé égyptien, la semaine dernière. «Néanmoins, cela ne constitue qu'une solution provisoire car à capacité beaucoup plus faible et à coût beaucoup plus élevé. Mais le fait demeure que des navires de guerre russes bloquent les ports ukrainiens, où des millions de tonnes de blé attendent d'être exportées», poursuivent-ils. Lire aussi: Les prix alimentaires mondiaux ont légèrement baissé en avril «Nous continuerons à soutenir l'Ukraine dans la production et l'exportation de denrées alimentaires pour contribuer à atténuer la crise», écrivent les ambassadeurs et chefs de missions. Ils appellent dans ce même ordre d'idées les parties concernées à garantir l'exportation de céréales en tant qu'enjeu humanitaire et à mettre en place un "couloir humanitaire pour la nourriture" qui garantirait une livraison sans heurt des marchandises aux populations dans le besoin. Ainsi, et toujours selon les propos de notre source, éviter l'insécurité alimentaire n'est atteignable qu'en exerçant toute l'influence possible sur le régime russe. Ici, le Maroc a également un rôle fort. «Le président Poutine doit mettre fin à son agression, et à la destruction ou au blocage des approvisionnements alimentaires essentiels vers le monde, afin d'éviter la faim mondiale. Ceci n'appelle rien de moins qu'une réponse unie de la communauté internationale, dont le Maroc est un fier membre», conclut le document.