Le gouvernement espagnol s'est saisi de l'affaire portant sur l'installation d'une ferme piscicole non loin des îles Zaffarines, territoire espagnol revendiqué par le Maroc. Toujours en crise avec Rabat, l'exécutif espagnol a lancé un ultimatum de 20 jours pour la destruction de la ferme. Alerté il y a «des mois» par l'Armada espagnole (composante de la marine des forces armées espagnoles) de l'installation d'une ferme piscicole à quelques centaines de mètres des îles Zaffarines, le gouvernement de Pedro Sanchez a finalement décidé d'agir. D'abord, par la voie diplomatique. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a adressé la semaine dernière «une note de protestation» au chef de l'ambassade du Maroc en Espagne, révèle le quotidien El Pais, citant des sources diplomatiques. Le chef de la diplomatie espagnole qui tente encore d'apaiser la grave crise diplomatique entre Rabat et Madrid, «n'a pas voulu ignorer cette action qui implique l'occupation illégale des eaux territoriales espagnoles, et qui représente un risque pour la sécurité de la navigation maritime et une menace pour l'environnement», confient les mêmes sources. Lire aussi: L'Espagne optimiste sur la sortie de crise diplomatique avec le Maroc (MAE espagnol) Une réaction qui pour l'heure n'a pas eu de réponse du côté marocain, d'autant plus que l'ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, n'a toujours pas regagné son bureau à Madrid, après avoir été rappelée pour consultations en mai dernier par Rabat. La ferme en question est située selon les médias espagnols à quelques mètres de l'Île du Congrès, l'un des trois îlots de l'archipel des Îles Zaffarines. L'archipel, situé à 3,3 kilomètres de Ras El Ma (Cap-de-l'Eau), est revendiqué par le Maroc, qui ne reconnaît pas non plus la souveraineté espagnole sur les eaux territoriales adjacentes. Les îles Zaffarines sont situées à quelque 3,3 kilomètres des côtes marocaines. Les cages auraient été installées non loin de l'Île du Congrès, la plus à l'ouest de l'archipel, qui fait quelque 25,6 hectares. Quelque seize cages flottantes auraient déjà étaient installés dans la ferme, selon El Confidencial. La société espagnole Morenot, filiale du groupe norvégien du même nom, qui a fourni et installé ces cages, est même menacée de sanctions par le ministère espagnol des Transports. Cette dernière disposerait de 20 jours pour retirer toutes les cages «après les avoir installées sans autorisation et en violation des réglementations environnementales et de sécurité maritimes», indique El Pais. Lire aussi: Pourquoi l'élargissement des frontières maritimes du Maroc inquiète l'Espagne L'archipel et les eaux l'entourant sont déclarés Zone de protection Spéciale des Oiseaux (ZEPA) et Site d'Importance Communautaire (SIC) du réseau européen Natura 2000, indique la même source. L'an dernier, les nouvelles lois sur le domaine maritime marocain avaient suscité la colère de Madrid, qui dénonçait une «action unilatérale» portant préjudice à la délimitation de ses eaux territoriales, notamment au large des Îles Canaries. Les lignes définitives de ce nouveau traçage devaient être établies après négociations entre Rabat et Madrid. Mais, les relations entre les deux pays voisins se sont gravement détériorées après l'accueil en catimini du chef séparatiste Brahim Ghali en Espagne le 18 avril pour y être soigné du Covid.