La France souhaite une relation « confiante » et un « partenariat ambitieux » avec l'Algérie, au-delà des « blessures » mémorielles qui peuvent « parfois » resurgir, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères dans une interview au quotidien Le Monde. « Nous avons des liens ancrés dans l'histoire. Nous souhaitons que le partenariat franco-algérien soit ambitieux », a lancé Jean-Yves Le Drian dans cet entretien mis en ligne vendredi matin sur le site du journal. « Il est logique, quand on connaît notre histoire, qu'il y ait parfois des résurgences de blessures, mais il faut dépasser cela pour retrouver une relation confiante », a-t-il insisté. Le président Emmanuel Macron a déclenché l'ire d'Alger en octobre en accusant, selon des propos rapportés par Le Monde, le système « politico-militaire » algérien d'entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d'indépendance et de la France, ancienne puissance coloniale. Lire aussi. Liberté religieuse: l'Algérie placée sous « surveillance spéciale » par les Etats-Unis D'après le quotidien, il s'est également interrogé sur l'existence d'une « nation algérienne » avant la colonisation française, suscitant de vives réactions dans la société algérienne. L'Algérie a alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel. Le président français a depuis fait part de ses « regrets » devant la polémique engendrée et s'est dit « fortement attaché au développement » de la relation bilétale. Des déclarations saluées par Alger, qui a finalement envoyé son chef de la diplomatie Ramtane Lamamra à la conférence de Paris sur la Libye le 12 novembre. « Il y a parfois des malentendus, mais cela n'enlève rien à l'importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays », a souligné Jean-Yves Le Drian. « Il faut conserver ce lien fait de respect des souverainetés et d'une volonté commune de dépasser les contentieux pour retrouver une relation apaisée », a-t-il ajouté. Il a aussi plaidé pour une implication plus grande de l'Algérie dans la résolution du conflit au Mali – les accords de paix entre Bamako et les groupes armés du nord du pays ont été signés à Alger en 2015 – alors que le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'est dit prêt à « venir en aide » aux Maliens, confrontés à l'extension des attaques jihadistes, s'ils en font la demande. « Nous ne voyons que des avantages à ce que l'Algérie s'inscrive plus fortement encore dans la mise en œuvre de ces accords », a relevé le chef de la diplomatie française, sans plus de précisions.