L'Algérie intensifie les échanges avec ses voisins. C'est autour de la Mauritanie de profiter des avances d'Alger, qui voudrait créer une zone de libre-échange, une route reliant Tindouf à Zouerate, mais aussi naviguer dans les eaux territoriales mauritaniennes. Les travaux de la 1ère session du Comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien ont débuté lundi 8 novembre à Alger. D'importants projets ont été annoncés à l'issue de ces rencontres entre officiels algériens et mauritaniens. Premièrement, l'annonce de la création d'une zone de libre-échange, annoncée en grande pompe par le ministre algérien de l'intérieur, Kamel Beldjoud. La zone devrait voir le jour «au niveau de la région frontalière», indique le communiqué. En réalité, Alger espère porter ses exportations vers la Mauritanie à 50 millions de dollars, indique l'agence de presse turque Anadolu. Pour ce faire, l'Algérie a tenté de réactiver le projet portant sur la réalisation d'une route qui relierait Tindouf à Zouerate. Un projet «impératif» pour l'Algérie pour sortir de son «enclavement». Les deux pays avaient d'ailleurs lancé une ligne maritime reliant Alger et la capitale mauritanienne, Nouakchott. Une ligne qui allait enfin permettre de «réduire le délai d'exportation vers la Mauritanie à cinq jours», indiquaient les médias algériens au moment du lancement de cette ligne en avril dernier. Par ailleurs, l'Algérie voudrait «réactiver la convention relative à la pêche». Un partenariat qui ne date pas d'hier, mais dont les activités font face, depuis les années 1980, à des interruptions sans fin. Mais «la pêche mauritanienne ne va pas bien», affirmait Jeune Afrique dans un article paru le 4 juin 2021, évoquant une chute de la production de 10% en comparaison avec 2020.
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L'ambition algérienne n'est pas uniquement de l'ordre économique. «La coopération sécuritaire s'était taillé la part du lion lors des travaux» tenus à Alger cette semaine, indique APS. En effet, il a également été question de la création d'un «Comité sécuritaire conjoint» entre les deux pays au niveau de la frontière, afin de «faire face aux défis actuels». Une frontière sous haute tension, depuis que l'Algérie a annoncé la mort de trois de ses camionneurs. Après une mise au point de la Mauritanie indiquant que l'incident ne s'est pas produit sur son sol, Alger a accusé officiellement le Maroc d'être derrière ce qu'elle a décrit de «lâches assassinats». Bien avant cet incident, les relations entre le Maroc et la Mauritanie ont connu un réchauffement, avec notamment la visite du ministre mauritanien des affaires étrangères, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, à Rabat le 28 septembre. Cette rencontre a porté «sur les moyens de promouvoir davantage les liens, surtout sur le plan des consultations politiques bilatérales et de la coordination au sujet de toutes les questions». Les deux ministres ont également entamé les préparatifs pour la tenue des travaux de la haute Commission Mixte ainsi que le Forum des hommes d'affaires. La Mauritanie a toujours maintenu sa «neutralité positive» à propos du dossier du Sahara. Mais le Maroc ne veut plus de cette ambigüité. Dans son discours de la Marche verte, le roi Mohammed VI a d'ailleurs averti que le royaume «n'engagera pas avec ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes aucune démarche d'ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain».