L'annulation des accords de pêche et agricole par la justice européenne, à la suite aux recours déposés par le Front Polisario, fait le bonheur des partisans de la cause des pro-Polisario, mais jette le trouble auprès des autorités espagnoles. La décision qui devait tomber juin dernier, a tenu en haleine beaucoup de monde. Outre le Maroc et les séparatistes du Polisario, l'Espagne retenait, aussi, son souffle. Le voisin ibérique qui tente toujours de recoller les morceaux avec le Maroc, après cette intense crise diplomatique, redoute le pire à présent. Pour le moment, Bourita et Borrell tentent de calmer le jeu. Les deux partenaires ont anticipé cette déconvenue, d'où ce communiqué qui se veut rassurant, au demeurant, du chef de la diplomatie européenne, l'espagnol Josep Borrell et le marocain Nasser Bourita. Ce qui montre que les deux parties n'excluaient pas une décision défavorable aux intérêts du Maroc. Mais l'heure est grave, admettons-le. Le Maroc n'avait nullement besoin de cette décision en ce moment précis. Après un long épisode de tensions avec l'Espagne, sur fond d'accueil du chef du Polisario, les bisbilles diplomatiques avec l'Algérie et sa décision incongrue de rompre les relations diplomatiques avec le royaume, voilà que les juges communautaires se rangent du côté des séparatistes du Polisario et annulent les deux protocoles. Ceux-ci représentaient l'exemplarité de la coopération bilatérale entre Rabat et Bruxelles et permettaient au Maroc de narguer ses adversaires. Et comme l'a bien résumé le quotidien espagnol El Pais, il s'agit de deux arrêts clés pour les relations entre le Maroc et l'Europe. Et C'est de bien de cela qu'il s'agit. A présent, si le Maroc venait à afficher son désaccord avec cette décision judiciaire, en adoptant des mesures de représailles, le voisin du nord sera le premier affecté par la colère marocaine. D'abord, l'accord de pêche. La filière espagnole est la première bénéficiaire de ce protocole. De fait, environ 90% des embarcations qui jettent leurs filets dans les eaux marocaines battent pavillon espagnol. De plus, Madrid craint que Rabat, en guise de riposte, relâche sa vigilance aux frontières, laissant la voie libre aux hordes de migrants. La grande hantise du gouvernement de Pedro Sanchez. La coopération sécuritaire pourrait aussi en pâtir, si Rabat s'estime lésée par la décision des juges européens. Enfin, il est sûr, qu'il s'agit d'un mauvais coup pour le Maroc. Les autorités marocaines s'attendaient à ce que l'Espagne fasse un pas vers la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. A ce sujet, la décision d'aujourd'hui est du pain béni pour l'Espagne: elle freinera son élan et fournira un argument de poids au cabinet de Sanchez pour tempérer les ardeurs de son voisin marocain. A présent, les services judiciaires de l'UE doivent rivaliser d'ingéniosité pour mettre la main sur cette faille judiciaire susceptible de draper de légalité les deux protocoles épinglés. Ledit département a démontré, par le passé, qu'il a plus d'un tour dans leur sac. De fait, ce litige judiciaire est sans fin et il sera appelé à revenir sur les devants de la scène. D'autant plus que ces derniers temps, le Polisario a changé son fusil d'épaule et au lieu de ses actes de guérilla et ses menaces farfelues, il a opté pour les couloirs de la justice pour croiser le fer avec le Maroc.