Le ministère de la Santé vient de verrouiller le circuit de réalisation de tests antigéniques rapides. Autorisés puis interdits à la commercialisation, les pharmaciens nagent en pleine confusion. Le point avec Mohammed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc. Le ministère de la Santé a tranché concernant les tests de dépistage et de diagnostic de l'infection par le Covid-19. Un document officiel datant de ce lundi 23 août «écarterait» les pharmaciens qui avaient pris récemment la décision de recommercialiser ces tests. Selon ce document repris par certains médias, «les laboratoires de biologie médicale, des secteurs public et privé, peuvent, à partir de la date de diffusion de cette décision, réaliser tout type d'examens biologiques de dépistage et de diagnostic de l'infection par le SARS-CoV-2, qu'ils soient biologies moléculaires, antigéniques ou sérologiques». Par ailleurs, «les autorités sanitaires régionales peuvent autoriser d'autres structures de soins privés (cliniques et cabinets médicaux) à effectuer les tests antigéniques ou sérologiques rapides (...) si la situation épidémiologique l'exige ou si l'offre de laboratoire publique et privée est limitée», lit-on dans l'article 2, qui écarte définitivement les pharmaciens de ce circuit. Contacté par nos soins, Mohammed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, explique que cette décision «peut prêter à confusion». «Mais en aucun cas le document du ministère ne parle de dispensation de tests antigéniques au niveau des officines», explique notre interlocuteur, soulignant que «le ministère ne peut pas retirer la dispensation aux officines et ce par force de loi». Le citoyen premier impacté par la décision En effet, «la loi prime sur toutes décisions du ministère et une loi ne peut être abrogée que par une autre loi», indique-t-il. Plus en détail, «la loi 08-11, la loi 84-12 et la loi 17-04 dans son article 30 autorise les officinaux à dispenser ces tests et tout autre produit tant qu'ils sont enregistrés auprès de la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP)», explique Mohamed Lahbabi. De ce fait, ces tests qui sont enregistrés auprès de la DMP continueront d'être vendus en pharmacie, annonce le président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc. Les tests seront donc vendus, mais ne pourront pas être réalisés par les pharmaciens, souligne la décision du ministère de la Santé. «Nous voulions participer à l'opération de dépistage de masse telle que préconisée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), sachant que nous avons un maillage de 12.000 officines reparties à travers le royaume, couvrant même les zones les plus reculées, (...) mais le ministre ne l'entend pas de cette oreille, sachant que partout dans le monde ces types de tests sont réalisés en pharmacie», poursuit Mohamed Lahbabi. «Maintenant le citoyen est livré à lui-même et au lieu de se rendre en pharmacie et payer le test à 120 dirhams, il devra se rendre chez un médecin qui lui facturera le test et la consultation et en aura pour minimum 400 à 500 dirhams», s'indigne notre interlocuteur.