Il semble que le département des Affaires étrangères redouble d'ardeur dans sa stratégie de défense du dossier de la marocanité du Sahara. Loin de se reposer sur les lauriers de la reconnaissance américaine ou du bal des ouvertures diplomatiques à Dakhla et Laayoune, Nasser Bourita, s'engage cette fois-ci sur le terrain de la communication en signant une tribune qui a été reprise par plusieurs publications internationales (Jeune Afrique, El Mundo, Asharq Al-Awsat). Il faut dire que suite à ces victoires, le Maroc a dû faire face, de l'autre côté, à une virulente campagne de désinformation menée par le voisin de l'Est. Entre fake news et mission de lobbying menée auprès des députés européens pour demander au président Joe Biden d'annuler le décret de son prédécesseur, il fallait occuper l'espace médiatique. Et c'est ce que vient de faire avec justesse Bourita. Dans cette tribune, le ministre explique que la décision américaine de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur la totalité de son Sahara est ce qui rapproche le plus d'une solution à ce différend qui n'a que trop duré. Selon lui, le poids de la décision américaine est « à lire à l'aune de celui de son auteur: puissance globale, membre permanent du Conseil de sécurité » et « allié majeur » du Maroc, avec lequel des relations stratégiques ont été construites ces vingt dernières années, sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI.
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Ces relations, ancrées dans l'histoire et tournées vers l'avenir, se sont consolidées au fil des différentes administrations, a-t-il souligné. Dénonçant le fait que les séparatistes du polisario n'ont pas attendu la décision américaine pour rompre le cessez-le-feu et mener des actions de harcèlement "somme toute insignifiantes", M. Bourita relève dans cette tribune que dans le conflit autour du Sahara, deux visions s'opposent. D'un côté, celle du Maroc, portée par son Souverain, qui veut que l'avenir soit meilleur que le passé, et qui investit massivement pour le construire avec plus de 7 milliards de dollars sur dix ans rien que dans les provinces du Sud, répondant ainsi à la Vision Royale de ne pas laisser les populations otages du processus politique qui s'enlise. De l'autre côté, celle des autres parties, qui "privilégient le statu quo, voire le pourrissement, empêchant l'intégration économique régionale, menaçant la sécurité dans une région instable et faisant fi des conséquences humanitaires en jeu", déplore le ministre. Pour lui, « c'est à la lumière de ces données qu'il faut apprécier la décision américaine », ajoutant que c'est aussi de ce point de vue-là qu'elle se révèle dans sa dimension la plus structurante, car elle "inaugure un momentum renforcé en faveur d'une solution politique réaliste et durable basée sur le compromis dans le cadre de l'autonomie". La proclamation américaine est aussi en phase avec l'évolution du dossier au sein des Nations unies, d'abord à travers les déclarations de nombreux anciens envoyés onusiens qui avaient martelé que « l'indépendance du Sahara » n'était pas une option réaliste, et ensuite à travers les dix-sept dernières résolutions du Conseil de sécurité qui ont consacré une doctrine claire, en appelant à une « solution politique réaliste, pragmatique et durable », tout en marquant la prééminence des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour sortir le dossier de l'impasse. Pour y parvenir, note le ministre, le Maroc "reste fidèle" au processus politique mené sous les auspices des Nations unies, sur la base de paramètres clairs, impliquant les véritables parties du différend régional.
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"Et SM le Roi s'y est engagé auprès du secrétaire général des Nations unies, António Guterres", note le ministre, faisant remarquer qu'il est "primordial de souligner que le processus politique n'est pas une fin en soi" mais plutôt "un chemin". À ses yeux, ceux qui croient contrarier le Maroc en s'opposant à son initiative d'autonomie ne font que "servir une impasse et s'opposent en réalité à la seule promesse d'une solution sans vainqueur ni vaincu, et qui bénéficie d'un élan d'appui international de plus en plus affirmé". "Nous en voulons pour preuve les 42 pays qui ont récemment réitéré leur soutien à l'autonomie sous souveraineté marocaine dans le cadre d'une conférence ministérielle à l'initiative du Maroc et des Etats-Unis. En outre, la décision américaine de rejoindre la vingtaine de pays ayant inauguré des consulats à Laâyoune et Dakhla motivera sans nul doute d'autres nations à leur emboîter très prochainement le pas", rappelle-t-il. Et d'ajouter que lorsque le Maroc a signé, le 22 décembre dernier, la déclaration trilatérale qui contient la déclaration présidentielle américaine, "il a scellé par la même occasion un engagement pour un package vertueux, favorisant la stabilité dans le Maghreb et au service de la paix au Moyen-Orient par la même occasion".