Les candidats à la mairie d'Istanbul se sont affrontés dimanche lors d'un débat télévisé historique à une semaine du nouveau scrutin convoqué pour le 23 juin après l'annulation du premier par le Haut comité électoral. Binali Yildirim, candidat du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, a débattu pendant près de trois heures avec Ekrem Imamoglu, candidat de la principale formation de l'opposition, le CHP (social-démocrate). C'était la première fois depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan en 2002 qu'un débat de ce genre avait lieu. Le dernier avait opposé en octobre 2002 M. Erdogan et Deniz Baykal, alors leader du CHP, avant les élections législatives en novembre de la même année. Lors des élections municipales du 31 mars, l'AKP a subi un échec retentissant en perdant Istanbul et Ankara, alors que ce parti islamo-conservateur et son prédécesseur gouvernaient les deux villes depuis 1994. A Istanbul, M. Imamoglu, un ancien maire d'arrondissement, a devancé d'environ 13.000 voix M. Yildirim, ancien Premier ministre et proche de M. Erdogan. Cette défaite constituait un camouflet sans précédent pour M. Erdogan, qui a plusieurs fois déclaré dans le passé que « celui qui remporte Istanbul remporte la Turquie ». Mais la victoire du candidat de l'opposition a été annulée par le Haut comité électoral à la suite de plusieurs recours de l'AKP, qui estime que le scrutin a été faussé par des irrégularités. Pendant le débat de dimanche soir, diffusé en direct sur les principales chaînes de télévision turques, M. Yildirim a déclaré que « des voix avaient été volées » le 31 mars au détriment de sa candidature. Mais M. Imamoglu a répété qu'il se considérait toujours comme « le maire élu ». « Il y a un combat démocratique pour les droits » des électeurs d'Istanbul, a-t-il dit. M. Yildirim a notamment mis en avant dans le débat son expérience d'ancien ministre des Transports et Premier ministre. M. Imamoglu a répliqué que le candidat de l'AKP n'avait « pas le droit de faire des promesses » électorales dans la mesure où son parti est au pouvoir à Istanbul depuis 25 ans. Plus tôt dans la journée, M. Erdogan est intervenu publiquement pour tenter de minimiser l'importance du scrutin du 23 juin, soulignant que l'AKP contrôlait 25 des 39 districts d'Istanbul. « L'élection dans une semaine est seulement pour désigner le maire », a déclaré le président, estimant que le résultat du vote ne serait qu' »un changement dans la vitrine » et critiquant le vif intérêt des médias étrangers pour ce nouveau scrutin.