S'il porte un nom masculin, « Adam », premier long métrage de la réalisatrice Maryam Touzani, raconte pourtant l'histoire de deux femmes marocaines liées par la maternité. Accueilli chaleureusement à Cannes, le film évoque entre autres le combat des mères célibataires, mal vues au Maroc. Maryam Touzani nous en dit plus. En compétition dans la catégorie "Un certain regard" au 72e Festival de Cannes, le film "Adam", de Maryam Touzani, a eu droit ce lundi 20 mai à une standing ovation de la part du public. Ce film dramatique réunissant les deux actrices Nisrin Erradi et Loubna Azabal, a su toucher le public par le message qu'il défend. Sa réalisatrice nous parle de la genèse de ce film, qui est inspiré de faits réels. « J'ai commencé à écrire ce film quand je suis tombé enceinte de quelques mois parce que j'en ai ressenti l'urgence. L'histoire est née d'une rencontre avec une jeune mère célibataire que ma mère avait accueilli à la maison il y a environ 15 ans », se rappelle la réalisatrice. « Elle a tapé à notre porte en disant chercher du travail mais en réalité elle n'en cherchait pas. Elle était enceinte et ne savait pas ou aller. Ma mère a eu peur pour elle, elle ne voulait pas la laisser repartir comme ça avant de l'aider… Ses parents ne savaient rien, elle risquait donc de se retrouver à la rue. On l'a gardé avec nous jusqu'au moment ou elle a accouché. Après elle a donné son bébé à l'adoption pour revenir au village », ajoute Touzani qui confie avoir été profondément marquée par cette histoire. La cause des mères célibataires est une des causes que défend Maryam Touzani, très sensible à leur souffrance. « Ce n'est pas un film rien que sur les mères célibataires mais il y a un personnage de mère célibataire et j'ai envie de défendre cette cause, je veux défendre ces enfants, ces femmes-là et leur donner une voix », explique Maryam Touzani. « En dehors des lois ce qui est plus dur pour ces femmes c'est la pression sociale… Et puis ces enfants doivent payer toute leur vie pour cela. Alors qu'ils y sont pour rien. Ils sont mis au banc de la société et sont traités comme des moins que rien parce qu'ils n'ont pas de père. Mais en quoi est-ce leur faute? », s'insurge-t-elle. Un premier long-métrage bien accueilli Maryam Touzani nous affirme avoir été touchée des encouragements des réalisateurs marocains qui n'ont pas hésité à lui faire des éloges. « C'était beau de voir des réalisateurs comme Narjis nejjar ou encore Noureddine lakhmari soutenir le film. je trouve cela très beau que de pouvoir se soutenir les uns les autres comme ça entre réalisateurs. Et puis de voir ma mère en larmes dans la salle alors que ce film lui est dédié. Qu'il y a plusieurs choses qui parlent d'elle dans le film à travers le personnage de Abla », se réjouit-elle. Maryam touzani n'omet pas de citer la collaboration avec son mari et producteur Nabil Ayouch, qui l'a « toujours soutenu » et lui a « toujours redonné confiance en elle ». « C'est que du bonheur de travailler avec Nabil. On est très complémentaires. Nabil est extrêmement bienveillant. On est à l'écoute l'un de l'autre et on s'accompagne mutuellement. Dans Adam c'était beau de me sentir soutenue pour lui, c'est important quand on fait un premier film. moi j'ai tjrs été admirative du travail de Nabil en dehors du fait que ce soit mon mari, j'ai toujours admiré son talent, sa sensibilité ». L'écriture et la réalisation du film se sont par ailleurs déroulées très vite , nécessitant seulement un an et demi de travail. « Ce qui prend le temps c d'avoir des financements mais là c'est allez assez vite. J'ai eu la chance d'avoir le soutien du centre cinématographique. Nabil Ayouch a également trouvé les moyens de faire ce film avec des co-productions ».