Ils sont en majorité jeunes, ont des milliers de followers (abonnés NDLR) et sont devenus les chouchous des chargés de relations publiques. Mais que rapportent vraiment les influenceurs(ses) aux professionnels qui se les arrachent? Et en quoi consiste ce « métier » à la mode depuis des années au Maroc? H24Info est allé à la rencontre de professionnels du marketing et de la communication pour en savoir plus. Ils sont passionnés de mode, de maquillage, d'humour, de fitness ou de leur… style de vie. Blogueurs, instagrammeurs, youtubeurs ou vlogueurs, certains d'entre eux s'improvisent humoristes, d'autres mannequins et sucitent un véritable engouement sur les réseaux sociaux. Et comment? Les « influenceurs marocains » vendent -généralement- du rêve, le rêve d'une success story à la portée de n'importe qui. Pourvu qu'il/elle ait du contenu à partager, et une passion pour les réseaux sociaux. Pour les professionnels du marketing, la collaboration avec les influenceurs est par ailleurs devenue monnaie courante. «La principale promesse faite aux client est la visibilité, l'influenceur lui permettra d'accroître sa visibilité et d'atteindre un public plus large ou de cibler son audience. Les ventes supplémentaires peuvent être aussi une promesse dans le cas où une stratégie est définie en amont avec des codes promo ou autres types d'offres», explique Sonia Khadir, ancienne chargée des relations publiques dans une grande agence de communication à Casablanca. Lors de leurs collaborations avec certaines marques, les influenceurs proposent des codes promo permettant à leurs abonnés d'acheter des produits à un prix moins cher. En plus de créer du contenu, les influenceurs jouent donc parfois le rôle de commerciaux. Le taux de leur présence dans les plans médias des agences de communication varie selon le produit et le besoin de communication, et peut selon les personnes interviewées, aller de 10% à 30% ou même 50%.
Lire aussi: Marketing. "Influenceurs ": le début de la fin d'une époque?
Mais s'ils sont plébiscités par plusieurs professionnels du marketing et du digital, certains avouent être « déçus par leur prestations » ou « préférer collaborer avec des spécialistes ». «Si je dois faire appel à quelqu'un je préfère collaborer avec un spécialiste qui pourrait expliquer le vrai intérêt d'acheter un produit ou suivre une certaine pratique que quelqu'un qui va juste jouer le rôle d'une vitrine à ce produit ou cette pratique», déclare O.B, gérant d'une agence de communication et événementielle à Casablanca. «La définition de l'influenceur pour moi, c'est une personne instruite, qui maîtrise le produit ou le concept dont elle fait la promotion et capable de créer du bon contenu. Loin de certains pseudo influenceurs qui se suffisent de prendre des selfies», estime Achraf Younssi, réalisateur. Et d'ajouter :«J'ai refusé à plusieurs reprises de collaborer avec des influenceurs qui n'ont pas les qualifications artistiques et créatives et qui sont malheureusement choisis par certaines marques juste parce qu'ils ont un très grand nombre d'abonnés. Une fois, on m'a même proposé de travailler sur une capsule humoristique avec un «influenceur» qui n'était pas du tout drôle sous prétexte qu'il était célèbre. J'ai tout de suite refusé.» «On est plusieurs créatifs à penser qu'on n'est pas obligés de collaborer avec des personnes très connues ou suivies pour promouvoir une marque, il faut juste avoir un produit capable de toucher et de parler aux gens», poursuit-il. Et l'argent dans tout ça? Comme être influenceur n'est pas vraiment un métier structuré, les rémunérations varient considérablement d'un profil à un autre, et dépendent également de l'effort y étant consacré. «Çà dépend vraiment. Il m'arrive de refuser un paiement ou de ne pas négocier la rémunération si j'aime beaucoup un projet. D'autres fois je négocie, surtout quand je trouve que ce qu'on me propose est de l'exploitation. Il n'y a pas de prix fixe par contenu contrairement aux magazines et aux 4×3, c'est selon les projets, le contenu, le travail et les personnes sollicitées », explique Saoussane Hmidouche, plus connue sous le pseudo Affordablychic. Pour leurs parts, les chargés de relations publics nous ont communiqué des chiffres très variés. «Pour une stratégie on avait contacté un bouquet d'influenceurs fitness et nutrition. Ces derniers demandaient des rémunérations de 5000 DH pour les stories Instagram et de 3000 DH pour les publications sur le même réseau social. Pour les publications sur Facebook, c'était en moyenne 2500 DH par publication», explique une chef de projet digital d'une agence de communication et d'événementiel sur Casablanca.
Lire aussi: Vidéo. Artistes et influenceurs se mobilisent pour la prévention du suicide des jeunes
D'autres chargés de relations publiques ont déclaré que certains influenceurs pouvaient être payés 10.000 DH voire même 25.000 DH s'ils avaient une communauté très large et que les marques avaient établi avec eux des partenariats incluant une vraie production vidéo, relayée sur leurs réseaux sociaux. Un « métier » parfois ingrat Exposer sa vie sur les réseaux sociaux peut s'avérer très dangereux. Les influenceurs sont parfois victimes de propos haineux (ce qu'ils nomment communément les haters) ou sexistes. Il y a quelques années, la mésaventure d'une ancienne bloggeuse nommée K.I avait attristé et choqué la toile. A la suite de sa participation dans un concours mettant en compétition plusieurs blogueuses, et parce qu'elle était bien partie pour remporter le premier prix (une voiture), K.I a été victime de piratage lui faisant perdre des années de travail. Ces pirates sont même allés plus loin, en dévoilant des conversations confidentielles de la blogueuse pour ternir son image. S'en est suivi un déferlement d'insultes sur le web et des accusations fallacieuses qui ont bouleversé la jeune femme qui a fini par abandonner sa passion, privilégiant son bien être mental.