À la demande des juges d'instruction, l'islamologue doit être confronté ce jeudi à Henda Ayari, la première femme à avoir porté plainte pour viol contre lui. La confrontation avec «Christelle» a en revanche été annulée, la seconde plaignante étant malade. «Je ne suis pas un violeur», s'est défendu Tariq Ramadan devant les juges qui l'interrogeaient début juin. Un mois et demi plus tard, l'islamologue, mis en examen pour «viol» et «viol sur personne vulnérable», est de nouveau convoqué par les juges pour une confrontation ce jeudi avec Henda Ayari, la première à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan. En revanche, celle qui devait l'opposer mercredi à «Christelle», la seconde plaignante, a été annulée pour des raisons médicales et sera reportée ultérieurement. «Elle tenait à se rendre à cette confrontation mais elle a eu un grave souci, elle n'est pas en mesure d'être entendue», nous confirmait mardi son avocat Me Eric Morain. Ce jeudi, ce sera la première fois que Tariq Ramadan sera confronté à Henda Ayari. Harcelée sur les réseaux sociaux après avoir déposé plainte en octobre, cette ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque ne s'était pas rendue à la confrontation en février dernier, lorsque la police interrogeait Tariq Ramadan. «Une rumeur laisse entendre que j'aurais refusé la confrontation: c'est faux», expliquait-elle dans une interview au Figaro début juin. «Quand les enquêteurs m'ont appelée lors de sa garde à vue, ils m'ont dit qu'il fallait que je sois là dans l'après-midi. Or j'habite à Rouen et j'ai des enfants! Aujourd'hui, je suis prête ; j'en ai besoin, même», ajoutait-elle à ce moment-là. Contactés ce mardi, ses avocats n'ont pas souhaité communiquer sur le dossier, qui est «dans une phase particulière». En octobre 2017, Henda Ayari avait affirmé qu'elle avait été violée par le prédicateur en 2012 et avait décrit une relation qui avait basculé dans la brutalité. Pour la première fois, début juin, les juges ont longuement interrogé Tariq Ramadan sur les accusations portées par Henda Ayari. La relation qu'elle décrit, «ça n'a jamais existé», s'est-il défendu, niant toute relation sexuelle et affirmant que c'était elle qui lui avait envoyé des messages de plus en plus explicites, d'après France Inter. Jeudi, «sauf surprise, chacun devrait rester campé sur ses positions, elle maintenant ses accusations, lui continuant à démentir», prédit une source proche du dossier. Lors de cette confrontation, les juges devraient en partie s'intéresser à l'emploi du temps de Tariq Ramadan et d'Henda Ayari. En mai dernier, cette dernière avait, après avoir fait des recherches dans son agenda, modifié ses déclarations devant les juges en changeant le lieu et la date de l'agression. «J'assume totalement le fait d'avoir oublié le lieu et la date précise d'une agression traumatisante, 5 ans après!», s'était-elle défendue sur Twitter. Agenda et souches de chéquier à l'appui, elle avait finalement affirmé que le viol avait eu lieu à l'hôtel Crowne Plaza, place de la République, à Paris, le 26 mai 2012, et non à l'hôtel Holiday Inn, situé près de la Gare de l'Est, entre le 31 mars et le 8 avril 2012. Un changement de version qui avait, à l'époque, fait bondir la défense, qui ne manquera sûrement pas d'insister sur cette volte-face pour décrédibiliser les accusations d'Henda Ayari devant les juges. Des relevés Météo France Déjà début juin, l'avocat de Tariq Ramadan commençait à mettre en doute la nouvelle version avancée par la première plaignante: «Elle indique maintenant que c'est le 26 mai 2012 et elle donne une chose très précise. Elle dit: "Quand j'arrive à Paris, il pleut des cordes. À tel point que le brushing que j'ai fait le matin même tombe et je suis moi-même obligée de me changer". Nous avons communiqué à la justice les relevés de Météo France, il n'y a pas une goutte de pluie à Paris quel que soit l'arrondissement, le 26 mai 2012. Il y a un moment, ça suffit», s'était-il agacé au micro de France Info. Contacté par Le Figaro, l'avocat de Tariq Ramadan s'est, cette fois-ci, contenté d'un commentaire succinct à deux jours de cette nouvelle convocation de son client:«Je suis satisfait que ces confrontations aient enfin lieu, dans la mesure où elles conditionnent le maintien en détention de mon client», affirme Me Emmanuel Marsigny. À l'issue de la confrontation de jeudi, il pourrait, en fonction des investigations menées, effectuer une nouvelle demande de remise en liberté de son client, placé en détention provisoire depuis le mois de février.