Renonçant à redevenir président de Catalogne, Carles Puigdemont a proposé le député Joaquim Torra i Pla pour prendre sa suite. Reste au quinquagénaire à être effectivement élu par le Parlement régional avant le 22 mai. Le dernier espoir des indépendantistes catalans a désormais un nom et un visage. Jeudi, depuis l'Allemagne où il est retenu, Carles Puigdemont a annoncé qu'il renonçait à redevenir président de Catalogne. Avant de sortir de son chapeau un joker soigneusement choisi: Joaquim Torra i Pla, député de la circonscription de Barcelone plus connu sous le nom de Quim Torra. S'il réussit à être élu président de l'exécutif régional par le Parlement de Catalogne avant le 22 mai, un nouveau gouvernement pourra enfin voir le jour, et le spectre de nouvelles élections régionales s'éloignera définitivement. «Honoré de la confiance reçue», le principal intéressé a promis sur Twitter de «servir le pays à la demande du président légitime Carles Puigdemont et du reste de [ses] collègues de JuntsXCat». Honorat per la confiança rebuda, accepto amb responsabilitat i voluntat de servei al país l'encàrrec del President legítim de Catalunya @KRLS i de la resta dels meus companys de @JuntsXCat Visca Catalunya! pic.twitter.com/6eAVknRgap — Quim Torra i Pla (@QuimTorraiPla) May 10, 2018 Un candidat sans démêlés judiciaires Méconnu du grand public – et donc peu susceptible de faire de l'ombre à Carles Puigdemont -, Quim Torra, 55 ans, est engagé depuis plusieurs années dans la lutte pour l'indépendance de sa région natale. Membre de l'Assemblée nationale catalane depuis 2011, il a brièvement présidé l'association indépendantiste Omnium Cultural en 2015, puis a été élu député en décembre 2017. L'ancien salarié d'une compagnie d'assurances suisse, fondateur en 2008 d'une maison d'édition nommée «A Contra Vent», présente aussi et surtout l'avantage de ne pas avoir maille à partir avec la justice, contrairement à la plupart des leaders indépendantistes, notamment les trois hommes jusqu'ici proposés à la présidence: Carles Puigdemont, Jordi Sanchez et Jordi Turull. Après l'annonce de Carles Puigdemont, d'anciens tweets qui auraient été effacés par Quim Torra – il affirme que son compte a été piraté – ont cependant refait surface. «Nous vivons occupés par les Espagnols depuis 1714» ; «Si on continue comme ça, on terminera aussi dingue que les Espagnols» ; «Les Français et les Espagnols ont en commun d'anéantir leurs nations»… «Marionnette» Pour être élu président de Catalogne, le père de trois enfants devra s'assurer d'obtenir la majorité – au moins relative – des voix au Parlement. Lors des élections de décembre 2017, les indépendantistes s'étaient imposés avec 34 députés pour JuntsXCat («Ensemble pour la Catalogne»), 32 pour ERC-CatSí («Gauche républicaine») et 4 pour la CUP («Candidature d'unité populaire»), parti qui devrait cependant s'abstenir lors du vote. En face, les loyalistes ont – sans grande surprise – conspué le choix de Quim Torra. Albert Rivera, président du parti centriste Ciudadanos, a dénoncé dans un tweet un «président marionnette», tandis que le Parti socialiste a regretté dans un communiqué le choix «d'un des profils les plus sectaires» de Catalogne. De son côté, le gouvernement espagnol a simplement rappelé que le candidat avait «l'obligation de respecter la loi». Puigdemont elige a otro radical como presidente-títere para intentar alargar el proceso separatista. Hay que seguir aplicando el 155 hasta que se acate explícitamente la Constitución y se respeten las resoluciones judiciales y los derechos constitucionales de todos los catalanes. — Albert Rivera (@Albert_Rivera) May 10, 2018