André Azoulay :« Le changement au Maroc s'opère dans le cadre d'un consensus national et non pas dans une logique de confrontation » Rabat,– Le Maroc est bien au cœur de la dynamique de changement que connait le Monde arabe. Il se réforme et évolue à la différence que le changement s'opère dans le Royaume dans le cadre d'un consensus national et non pas dans une logique de confrontation, a affirmé, jeudi à Rabat, M. André Azoulay, conseiller de SM le Roi Mohammed VI. M. Azoulay, qui animait une leçon inaugurale sur le thème « Printemps arabe, printemps des médias » à l'Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC), a affirmé que cette formidable mutation que connait la région arabe est irréversible et va se poursuivre dans chaque pays au rythme qui lui convient et avec les modalités qui sont les siennes. A la différence de plusieurs pays qui ont connu des manifestations violentes pour reconquérir des valeurs universelles telles que la liberté et la dignité, le Maroc s'achemine vers une révolution de velours, s'appuyant en cela sur la richesse de son Histoire et sa diversité culturelle et religieuse ainsi que sur plus d'un demi-siècle d'accumulations à mettre à l'actif des réalisations accomplies sur la voie de la construction d'un projet de société démocratique, a souligné M. Azoulay. Le Maroc est dépositaire d'une grande histoire et d'une civilisation millénaire qui constituent un formidable levier de développement, a insisté M. Azouay, également membre du comité des sages pour l'Alliance des civilisations à l'ONU, notant que si les Marocains ont pu conduire une révolution tranquille, c'est parce qu'ils ont su s'approprier toutes les valeurs de leur histoire et valoriser leurs différences et leurs spécificités. Pour M. Azoulay, la différence marocaine est riche en significations. Elle est une réalité, nourrie par des réformes politique, économique et sociale initiées, dès l'indépendance, par les institutions de l'Etat qui ont toujours cultivé cette formidable capacité d'être à l'écoute des aspirations du peuple. « L'évolution que connait le Maroc résulte également de la capacité de la société civile à faire écouter ses aspirations. Le Maroc est bien au cœur de la dynamique de débat, de changement et du pluralisme. C'est une réalité irréfragable», a-t-il soutenu. Le président de la Fondation Euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures a fait observer, à cet égard, que le Maroc est le seul pays au Monde à avoir interdit le parti unique et encouragé la diversité idéologique il y a plus de 50 ans déjà, ajoutant que la nouvelle loi fondamentale du Maroc fait également référence à cette diversité sociale, culturelle, linguistique et religieuse, une chose qui ne saurait être réduite à un simple exercice de style mais à une mesure qui augure d'une nouvelle étape dans l'histoire du pays. M. Azoulay a, en outre, fait savoir que le changement dans certains pays s'est construit sur les ruines du parti unique, notant toutefois qu'il serait réducteur d'identifier, sans nuances, le « printemps arabe » à la rupture. «Le Maroc est inscrit dans une dynamique de changement, de réformes et de reconquête de certaines valeurs qui avaient déserté les rivages des pays où les changements les plus radicaux ont eu lieu », a-t-il fait remarquer. Le conseiller de SM le Roi a souligné, d'autre part, que le « printemps des médias » est celui de la convergence technologique et est aussi une révolution qui nous permet d'atteindre des horizons insoupçonnables et insoupçonnés il y a des années avant. M. Azoualy, qui est, par ailleurs, président délégué de la Fondation des trois cultures et des trois religions, a souligné, à ce propos, que la révolution technique peut trouver ses limites si «nous ne prenons pas garde à la faire évoluer, tout en veillant à la conjuguer au sens de l'éthique, des valeurs et de la responsabilité». Grâce aux médias aussi bien traditionnels que nouveaux (web), le monde occidental a pu découvrir la volonté et la capacité des peuples arabes à recouvrer leur dignité et leur liberté, a-t-il dit, relevant que les médias électroniques et les nouvelles technologies de l'information et de la communication étaient un facteur décisif d'accélération de la révolution dans la région arabe mais n'ont en pas été l'élément déclencheur. Cette leçon inaugurale qui marque le début de l'année académique de 2011-2012 à l'ISIC, s'est déroulée en présence d'un parterre d'étudiants de l'Institut et d'un aréopage de personnalités de différents bords dont le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, M. Khalid Naciri.