Parmi les nouveautés apportées par la Vision 2020, figurent la création des ADT (Agences de Développement Touristique) et la création de huit Territoires Touristiques. Aussi bien les ADT que les Nouveaux Territoires Touristiques s'inscrivent dans le cadre de la régionalisation en vue qui sera adoptée par le pays. Les deux sont des outils de gestion touristique censés apporter un plus dans la gestion touristique de proximité afin de participer d'une manière optimale au développement touristique régional, partie intégrante du tourisme national. Sur le terrain, les choses ne sont pas aussi claires que cela, principalement du côté des professionnels de terrain, des opérateurs touristiques et des élus. En effet, le ministère du tourisme n'a pas encore entamé une bonne communication pour expliquer, argumenter, convaincre du bien fondé des nouveautés apportées par la Vision 2020, présentée à Marrakech. Les quelques réunions entreprises par le ministre du tourisme ont été plutôt houleuses que convaincantes. La dernière en date est celle survenue à Marrakech la semaine dernière, après celle d'Agadir, moins virulente. Bref, il y a dans l'air un climat de méfiance, de manque d'adhésion, d'incompréhension, de susceptibilité qui risque de bloquer le dialogue et la concertation entre le département de tutelle et les professionnels. Des points d'ombre sérieux restent à éclaircir, avec toute la franchise et les explications nécessaires, au sujet des compétences des ADT et du rôle des CRT dans cette nouvelle configuration. Déjà un problème sérieux se pose. Le ministère du tourisme a défini huit nouveaux territoires touristiques, de compétence régionale, alors que le nouveau découpage territorial délimitant les nouvelles régions économiques n'a pas encore vu le jour. Or sans concordance territoriale entre les nouveaux territoires touristiques et les Régions, on voit mal comment va s'opérer une gestion régionale touristique. Pour l'instant ce n'est pas le cas, ce qui pousse la faisabilité de la chose à une date ultérieure et plus exactement après la date officielle de la création des nouvelles Régions. Combien seront ces nouvelles régions économiques, personne ne le sait, le projet soumis à SM Le Roi, propose 12 Régions, rien ne dit que les choses seront ainsi. En attendant donc le ministère du tourisme doit prendre tout son temps pour faire adhérer les professionnels et les élus aux nouveaux concepts touristiques, ADT et Nouveaux Territoires, entre autres. La polémique actuelle qui anime les professionnels de terrain et les élus, concernent la gestion des ADT et le rôle des CRT dans cette nouvelle configuration. Les professionnels et les élus (aussi bien communaux et régionaux), sont pour une fois unanimes, en tout cas c'est le cas pour Marrakech et pour Agadir (les plus grandes villes touristiques du pays, ce qui n'est pas rien), pour refuser la dissolution des CRT et leur absorption par les ADT, primo. Secondo, ils rejettent la proposition de voir à la tête des ADT des fonctionnaires qui dirigent ces agences régionales et qui auront la compétence d'avoir le premier et le dernier mot sur la gestion du tourisme régional et local. En fait le ministre du tourisme a le devoir et la responsabilité de tirer tout cela au clair dans un vrai débat et concertation démocratiques avec les concernés. Il est incontestable que ce sont les professionnels de terrain (opérateurs, hôteliers, voyagistes, transporteurs touristiques, restaurateurs et autres) et les élus qui sont confrontés directement au développement touristique, et non des fonctionnaires du ministère ou des employés de l'ONMT. Le terrain exige de la réactivité que malheureusement les fonctionnaires n'ont pas, du fait qu'ils doivent toujours se concerter avec leurs supérieurs pour prendre des décisions parfois urgentes et vitales, mais qui souvent tardent à venir, ou alors sont prises de travers. Le gestion touristique est non seulement quotidienne mais se fait heure par heure, ce que les fonctionnaires sont incapables d'assumer du fait tout simplement qu'ils ne se soucient ni de la rentabilité, ni des emplois, des charges fixes, ni de l'amortissement des investissements, ni des problèmes financiers, ni des soucis de la promotion, de l'aérien ou du remplissage des hôtels entre bien d'autres soucis et problèmes quotidiens gérés par les professionnels … C'est dans ce contexte que les professionnels réclament une gestion touristique de proximité faite par les professionnels eux –mêmes et refusent toute dissolution et absorption des CRT par les ADT. Les CRT doivent être renforcés, dans le cadre de la gestion touristique régionale avec les moyens financiers et humains nécessaires à leur mission de promotion régionale, dans le cadre de missions bien définies par des statuts reconnus et approuvés par les Pouvoirs Publics. Rappelons que les CRT sont formés de trois collèges : Privé, Institutions élues et Autorités. C'est la meilleure configuration capable de créer la synergie nécessaire qu'il faut au développement touristique local et régional. C'est d'ailleurs cette synergie qui a permis au CRT Agadir SMD, d'être leader en la matière et de donner des résultats performants allant jusqu'à participer par son propre stand dans des salons touristiques à Moscou et à Londres (en 2006 et 2007), ce qui a eu pour résultat de bien lancer le marché russe et de relancer le marché britannique et de permettre la relance récente du marché scandinave, par des actions de terrain. Le CRT Agadir participe dans toutes les manifestations qui touchent la promotion de la destination phare du pays. La dernière en date est celle du salon de Kiev avec une présence effective de Abderrahim Oummani, président, seul professionnel marocain présent à ce salon. Le travail excellent du CRT Agadir est d'ailleurs reconnu par le ministre du tourisme lui même, le DG de L'ONMT et a été clairement spécifié au ministre, à la fois par le président du Conseil Régional SMD et le président de la Commune Urbaine d'Agadir, lors de sa dernière rencontre avec les professionnels à Agadir. Marrakech, première destination touristique du pays, a besoin d'un CRT, à l'image de la valeur touristique nationale de la destination. Fort par des moyens humains et par des moyens financiers largement suffisants. Le défi que vit Marrakech, avec ses nouvelles capacités en lits actuels, en cours et à venir, son positionnement en tourisme de luxe, son infrastructure golfique, est d'envergure national grâce à son effet promotionnel et multiplicateur de développement touristique grandeur nature qui rayonne sur le pays entier. Accordons les moyens financiers nécessaires aux CRT, dont la récupération totale de la TPT ( taxe de promotion Touristique )qui leur revient, au lieu d'aller enrichir le budget de l'ONMT ; renforcer les par des moyens humains en matières de compétences nécessaires au secteur, par la mise en place de structure de gestion permanente et performante et laissons les travailler, à l'aise. Les professionnels du tourisme, toute composante confondue, savent très bien où ils veulent aller ; quels marchés les intéressent, quelles actions pertinentes entreprendre, quels partenariats développer et non nullement besoin d'un haut fonctionnaire de l'ADT, pour leur dicter ce qu'ils doivent fa ire ou pour lui donner telle ou telle approbation pour tel ou tel événement, principalement en ce qui concerne le tourisme régional. Ceci dit mettre à la tête des ADT, un haut fonctionnaire qui représente le ministre du tourisme dans le cadre de la déconcentration, de la décentralisation et dans le cadre de la régionalisation effective pour activer et suivre les dossiers d'investissement et autres problèmes purement administratifs pour activer et pousser au développement touristique régional, soit. Mais sûrement pas prendre la place des CRT, ni décider et encore moins gérer à leur place la chose touristique régionale. Moralité, le respect de prérogatives et des compétences de chacun, aussi bien département de tutelle que professionnels est possible dans le cadre d'une concertation saine de terrain qui vise en premier lieu le développement touristique du pays, de ses régions, avec une gestion professionnelle qui doit faire face à la rude concurrence imposée à notre tourisme. Mais également avec l'octroi de moyens financiers nécessaires à la promotion touristique qui doit également revenir aux CRT, dans sa phase d'exécution et non plus uniquement d'accompagnement dicté par l'ONMT. Certes la concertation doit être la règle mais que les CRT et les professionnels décident et agissent en fonction de leur vision régionale. Et qu'ils en assument la responsabilité totale pour rendre les comptes qu'il faut quand il le faut. Ils sont largement majeurs et vaccinés pour savoir là où se trouve l'intérêt touristique nécessaire qui les regroupe. Finalement il s'agit de leur gagne-pain, ce qui n'est nullement le cas des fonctionnaires du ministère de tutelle. Rappelons enfin que les ministres passent, les politiques adoptées aussi, seuls les professionnels continuent la bataille de terrain. A Bon entendeur, salut