L'élection de Fatima El Hassani, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), lundi à Tanger, présidente du Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, pour succéder à Ilyas El Omari, fait du bruit chez le Parti de la Justice et de Développement (PJD), en raison d'un retrait de son candidat, Said Khairoun, balisant ainsi le terrain à la candidate du Parti du Tracteur. Les camarades de Saâd Eddine El Othmani s'expliquent. Un fait politique sans précédent au Maroc. Le PJD et le PAM, jusqu'ici "ennemis jurés", se sont alliés lundi au sein du Conseil Régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Alors que Fatima El Hassani s'est adjugée de la présidence du Conseil, Said Khairoun, candidat PJD, s'est retiré de la course se contentant du poste de vice-président, acceptant ainsi de collaborer avec la candidate pamiste. Son co-partisan, Nabil Chileh, secrétaire régional du PJD, sera cinquième vice-président. Cette "cohabitation" politique est la première de son genre entre les deux partis, puisque la dernière tentative d'alliance entre les deux formations a été avortée en juillet dernier à Oujda. Le secrétaire général, Saâd Eddine El Othmani avait décidé de dissoudre carrément la section locale de la ville de l'Oriental, dont certains conseillers avaient conclu une alliance avec le PAM lors des élections des commissions du Conseil de la ville. Changement d'attitude Faut-il le rappeler, les leaders des deux partis, notamment ceux du PJD, depuis la création du PAM, n'ont jamais cessé de réitérer un refus catégorique de s'allier que ce soit au niveau local et dans le cadre gouvernemental, en dépit de la prédominance des deux formations lors des scrutins législatifs et communaux. La polémique n'a pas tardé à s'inviter annonçant ainsi une énième fronde interne au PJD, dont les premiers signaux clignotent déjà à l'instar de la réaction du député parlementaire pjdiste à Tanger et vice-président du Conseil régional de la Lampe, Mohamed Khouyi, qui a dénoncé l'alliance de son parti avec le PAM, la qualifiant de "décision illégitime puisqu'elle est prise en dehors des institutions du parti". محمد La communication du secrétariat général du PJD ne s'est pas faite attendre. Le numéro 2 du parti, Slimane El Omrani a affirmé sur le site officiel du parti que la décision, "est institutionnelle et correcte de par sa procédure" avant de renchérir, "Nous souhaitons que le parti contribue ainsi à faire avancer le développement de cette région et à remédier aux déficiences enregistrées au cours des quatre dernières années», faisant ainsi référence au mandat d'Ilyas El Omari à la tête de la région. Pourtant, le Conseil régional du PJD à Tanger-Tétouan avait dénoncé le 21 octobre dernier une «tentative de l'autoritarisme de constituer une majorité», pour attaquer les tractations menées par le PAM durant la course pour la présidence de la région. C'est dans ce sens que le député Khouyi demande des "clarifications, pour expliquer "une transformation dans la vision politique" et justifier "le déplacement d'une rive à l'autre", selon ses propos.