SM le Roi Mohammed VI a adressé, lundi 29 juillet, un discours à la Nation à l'occasion du 20ème anniversaire de Son accession au Trône. Deux annonces majeures sont relevées par le politologue Mustapha Sehimi: la création de la commission spéciale chargée de l'élaboration du modèle de développement et la mise en place d'une nouvelle génération de réformes. Son décryptage. Une commission plurielle "La commission devra prendre en considération les grandes orientations des réformes "engagées ou en passe de l'être", dans des secteurs comme l'enseignement, la santé, l'agriculture, l'investissement, le système fiscal" a souligné SM le Roi dans son discours, ajoutant que ses propositions devront viser leur perfectionnement et l'accroissement de leur efficacité. Il s'agit d'une décision qui vise à repenser les bases des politiques publiques depuis des années, estime Mustapha Sehimi. Il rappelle dans ce sens que le Souverain avait annoncé en octobre 2017 devant le Parlement, la nécessité de réexaminer ce modèle de développement. Depuis, plusieurs propositions ont été élaborées par des institutions, des et des associations. "Le Chef de gouvernement lui-même avait également annoncé en novembre 2017, la mise sur pieds d'une commission interministérielle chargée de repenser ce modèle. Mais, au vu des désaccords au sein de la majorité, cette commission n'a pas pu avancer sur le dossier", note Mustapha Sehimi. Dans le contexte actuel, « SM le Roi a décidé de reprendre le dossier et de le réactualiser en annonçant pour la rentrée l'installation de cette commission », explique-t-il. Ce dernier précise que cette commission se caractérise par deux particularités: "D'abord, elle est plurielle. Elle se composera d'acteurs du secteur public, privé et de compétences nationales de différents horizons. Elle aura un mandat précis dans un délai déterminé. Cette commission aura un délai pour arrêter ses missions. Elle ne vient pas doublonner avec le gouvernement et avec les autres institutions", nous indique-t-il. Deuxième particularité de cette commission, c'est qu'elle va œuvrer sur la base des grandes orientations des réformes qui sont déjà arrêtées dans des secteurs comme l'enseignement, la santé ou encore l'investissement, poursuit le politologue. « Pour le souverain les axes de réformes dans ces secteurs ont été arrêtés. Il n'est pas question aujourd'hui de rouvrir le débat sur la réforme fiscale par exemple puisque les assises fiscales ont eu lieu », affirme Mustapha Sehimi qui conclut sur ce point qu'il faudra traduire ces réformes en mesures politiques concrètes avec des objectifs, des moyens et des priorités. Une nouvelle génération de réformes Pour Mustapha Sehimi, «la recherche d'un nouveau modèle de développement et la désignation de nouvelles ressources dans certaines fonctions sont des mesures pour créer de nouvelles énergies à fin de continuer les réformes économiques et sociales». Dans ce sens, SM Roi a affirmé qu'il existe des acquis mais il s'agit de continuer pour certaines catégories sociales, « les fruits de la politique de développement, notamment, les infrastructures et les grands travaux ne permettent pas d'améliorer leurs conditions de vie. Les grands travaux qui devaient être faits sont nécessaires, mais sans avoir d'incidence directe sur certaines franges de société», analyse Sehimi. Dans cette perspective, le Souverain a insisté sur un point essentiel, à savoir la nécessaire ouverture sur l'économie mondiale. Cela nécessité davantage de compétitivité pour gagner de nouveaux marchés. L'enjeu est de créer une économie forte et compétitive. Implicitement, le Souverain a réaffirmé l'urgence de « libérer l'esprit d'initiative des marocains qui est souvent freiné par des résistances, par des difficultés administratives et bureaucratiques et par un climat général qui ne sont pas favorables au climat des affaires et à l'esprit d'entreprendre », nous explique le politologue.