La Conférence de haut niveau de la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) sur les initiatives "MedFish4Ever" a entamé ses travaux, mercredi à Marrakech, avec la participation de plusieurs ministres, hauts responsables et professionnels du secteur dans les pays du pourtour méditerranéen. Ce conclave réunit les signataires de la Déclaration "MedFish4Ever" afin de faire le point sur les progrès réalisés, de renouveler les engagements pris et de faire avancer le dialogue en vue de garantir la durabilité environnementale, économique et sociale des pêches en Méditerranée sur le long terme. Cette Conférence de haut niveau intervient ainsi en vue de renouveler les engagements pris au titre de la Déclaration "MedFish4Ever", signée en 2017 par 16 pays riverains de la Méditerranée à savoir l'Albanie, l'Algérie, la Bosnie-Herzégovine, Chypre, la Croatie, l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie, Malte, Monaco, le Monténégro, le Maroc, la Slovénie, la Tunisie, la Turquie ainsi que la Commission européenne pour lutter contre les menaces auxquelles les stocks de poisson font face dans la région. Si des progrès importants ont été réalisés, il reste, selon la CGPM, encore à faire pour garantir la durabilité des pêches en Méditerranée sur le long terme. "Comme le souligne notre rapport SOMFI 2018 (The State of Mediterranean and Black Sea Fisheries 2018) lancé en décembre dernier, on assiste pour la première fois depuis ces dernières décennies à une baisse des stocks en situation de surpêche. Nous avons donc des raisons de commencer à être optimistes – même s'il convient de rester très prudents. Les efforts que nous avons faits pour développer des collaborations solides et améliorer la collecte de données sont en train de porter leurs fruits, mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés avec la Déclaration MedFish4Ever", a affirmé Abdellah Srour, Secrétaire Exécutif de la CGPM, cité dans un communiqué, publié à cette occasion. La pêche est au cœur de l'identité de la Méditerranée. Pendant des générations, elle a joué un rôle central dans la société, fournissant de la nourriture et des emplois dans l'ensemble de la région et renforçant le tissu social de nombreuses communautés. Aujourd'hui, environ 250.000 personnes sont directement employées sur des bateaux de pêche tandis que des centaines d'autres travaillent dans le secteur et dans ses chaînes d'approvisionnement à terre, explique-t-on. Chaque année, la flotte méditerranéenne capture environ 1 million de tonnes de poisson, mais ce chiffre a diminué jusqu'à 850.000 tonnes ces dix dernières années. Comme c'est le cas pour de nombreuses pêcheries dans le monde, l'avenir de cette activité en Méditerranée est sérieusement menacé depuis ces dernières décennies par la surpêche, la pollution et d'autres facteurs anthropiques. Dans cette région particulièrement peuplée, la perte d'une activité qui contribue à la subsistance de ses habitants pourrait également avoir des impacts sur l'équilibre géopolitique de la région, précise le document. Ainsi, cette Conférence de haut niveau met particulièrement l'accent sur l'amélioration des conditions de travail dans le milieu de la pêche ainsi que sur la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INDNR). "MedFish4Ever" reconnaît ainsi que les communautés côtières ont besoin d'être protégées contre les risques et les incertitudes liés à leur dépendance vis-à-vis de la pêche. La Conférence vise donc à identifier les moyens de combattre la pauvreté, réduire la marginalisation et promouvoir des moyens d'existence résilients. Le rôle des femmes dans le secteur requiert également une attention toute particulière et il est nécessaire de les reconnaître et les soutenir. La pêche INDNR est en train de causer de graves problèmes en Méditerranée, car elle compromet les possibilités de garantir la mise en œuvre solide des plans de gestion qui sont nécessaires à la reconstitution des stocks, déplore la CGPM. "La pêche INDNR a des conséquences sur les stocks de poisson, mais elle a aussi des impacts sociaux et économiques importants. Elle fait baisser les revenus et augmenter les risques pour les personnes qui travaillent en mer tout en menaçant durabilité des activités de pêche. Les pêcheurs légitimes savent que la pêche INDNR est une menace pour leur avenir, et sont motivés pour collaborer avec d'autres acteurs afin de protéger leurs moyens de subsistance", affirme, de son côté, Miguel Bernal, Fonctionnaire des pêches à la CGPM, cité dans le communiqué. La CGPM aide ainsi les signataires de la Déclaration "MedFish4Ever" à travailler ensemble et à mettre en œuvre un plan d'action régional commun pour lutter contre la pêche INDNR. "Nous sommes dans la deuxième année d'un engagement pris sur 10 ans, et nous devons continuer pour le bien de nos poissons et nos pêcheurs. La Méditerranée est une mer relativement petite. Ses stocks de poissons ne connaissent aucune frontière et ses pêches sont une ressource partagée. Il en va de l'intérêt de tous les pays de la Méditerranée d'œuvrer ensemble à leur préservation", a insisté, dans ce sens, M. Srour.