Président du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS), Hamid Benbrahim Andaloussi est un acteur majeur de l'industrie aéronautique au Maroc. Il revient dans cette interview accordée à 2M.ma sur la Feuille de route relative à la Formation professionnelle et les nouvelles Cités de formation qui devraient émerger dans les 12 régions du Maroc. Q/En quoi la nouvelle feuille de route relative au développement de la formation professionnelle est bénéfique pour l'industrie aéronautique marocaine ? R/Nous sommes convaincus la nouvelle Feuille de route de la formation professionnelle présentée devant SM le Roi Mohammed VI créera un dynamisme quantitatif et qualitatif à la formation au Maroc. Les industriels du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS) et en partenariat avec le ministère de l'Industrie et avec le ministère de l'Enseignement et avec le secrétariat d'Etat à la Formation professionnelle et l'OFPPT, sont en mesure de participer à la transformation et la réalisation du concept de cette feuille de route à l'image de ce qui ce passe dans des pays comme la Suisse, l'Allemagne et Suède. Et en faire ainsi de cette formation un moyen de promotion sociale pour ces jeunes pour se construire un avenir dans des industries de haute technologie. * Loubna Tricha: "la nouvelle offre de formation professionnelle est une réelle voie d'excellence " (VIDEO) Laissez-moi dans cette perspective vous rappeler qu'en concertation avec le ministère de l'Industrie nous avons entamé depuis quelques années une nouvelle aire de formation professionnelle dans le secteur aéronautique. Aujourd'hui, on peut constater que le Maroc devient une base incontournable de l'aéronautique mondiale. Nous dépassons même les prévisions du Plan d'accélération industrielle et le secteur ne cesse gagner en maturité et en valeur ajoutée et en complexité. Le secteur aéronautique attire également de nouveaux écosystèmes imprévus dans le Plan d'accélération industrielle. Je cite à titre d'exemple, la construction des composantes, des réacteurs d'avions, des moteurs composites et de l'électronique embarquée. Ceci dit, tous ces nouveaux métiers sont exigeants en termes de savoir-faire, d'expertise et de formations spécialisées. Le partenariat innovant et exemplaire entre l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA) et la GIMAS ou se sont les industriels qui ont la maitrise et le pilotage de la formation professionnelle demeure une expérience réussie. Cette formation par alternance facilite les opérations d'embauche pour les entreprises. Cette expérience nous incite à étendre ce système de gouvernance aux autres types de formations pour d'autres secteurs que le secteur aéronautique. J'ajoute dans ce sens que l'OFPPT et le GYMAS ont décidé d'unir leur savoir-faire et de travailler en complémentarité dans le cadre d'un nouveau type de partenariat en créant une société commune pour la gestion de l'Institut spécialisé des métiers de l'aéronautique et la logistique aéroportuaire de Nouaceur (ISMALA), justement, pour répondre aux énorme besoins locaux et internationaux du secteur en termes de techniciens spécialisés dans le domaine de la maintenance de la réparation de la transformation et de modification des avions. Q /Ces Citées nouvelle génération sont dotées d'un Conseil d'administration tripartite, impliquant les Professionnels, la Région et l'Etat, entant que groupement des professionnels quels seront vos premiers directifs pour une gestion efficace des Cités des Métiers et des Compétences ? R/Je souhaite, d'abord, relever une remarque préliminaire pour moi, l'aide de Citées de savoir et d'innovation est intéressante en elle-même mais plus important que construire des bâtiments il faut voir le contenu et la pédagogie et le partenariat avec des organes et des centres de formation internationaux. La réussite de la transformation de la formation professionnelle passe par notre capacité de rupture dans les méthodes de formation. Il ne suffit pas de construire des murs, il faut former les jeunes pour les métiers de demain celles du 21ème siècle. La question de la gouvernance se pose à deux niveaux. Premièrement, au niveau de la direction générale, ou il y'a les trois parties et deuxièmement sur l'ingénierie de formation, le management des centre de formation, le contenu et le programme de formation. * Les « Cités des Métiers et des Compétences », des centres de formation nouvelle génération dès la rentrée 2021 J'insiste sur un élément très important, de nos jours dans un monde à la transformation accélérée voire époustouflante, il faut donner aux jeunes en plus de la technicité, les softs skills ou les compétences transversales. Il faut leur inculquer les exigences de la globalisation et des métiers nouveaux du Maroc. Il faut investir dans ce qu'on appelle l'intelligence de la formation professionnelle. Q/Quels sont, dans ce cas, les établissements marocains pionniers en matière d'innovation en formation ? R/A mon avis, il faut s'inspirer de l'initiative excellente du Groupe OCP avec l'Ecole « 1337 ». Cet établissement s'inspire de l'Ecole « 47 » de Paris qui a également une filiale dans la Silicone Valley. Aujourd'hui, il y'en a que trois établissements de ce genre au monde, à Khouribga, Paris et Silicone Valley. C'est l'école inversée pratiquement. Elle accueille des jeunes de 18 à 30 ans, il n'existe pas d'exigence de bagage intellectuel et d'Education de base requis, il y'a pas d'instituteurs ou de professeurs, il y'a pas d'horaire. Les étudiants par contre développent leur propre initiative. Il s'agit d'un vivier des géni dans le domaine de l'informatique et du codage. Nous savons nous tous que le fondement de la transformation du monde est d'abord au niveau des technologies, data, intelligence artificielle, l'informatique et le codage. Il faut viser l'excellence à travers notamment les langues, l'éthique, la confiance en soi. Q/Mise à part Casablanca, est-ce les entreprises du secteur pourraient y aller, à moyen ou long terme, dans une autre région que celle de la métropole ? R/Le Maroc compte 140 sociétés aéronautiques, les trois quarts sont implantées à Casablanca. Pour gagner en efficacité économique on a besoin de créer des écosystèmes sur des plateformes communes ou elles peuvent communiquer. Puisqu'elles travaillent les unes avec les autres. Ceci va créer plus de valeur ajoutée et plus de compétitivité dans un secteur qui est très compétitif au niveau mondial. A moyen terme, aujourd'hui, il faut saturer la plateforme de Casablanca qui est loin d'être saturée avant de penser aller au-delà. Ce qu'il faut également, c'est de regarder quels sont les atouts de chacune des 12 régions et avoir une masse critique au niveau des activités dans un domaine déterminé. Il ne faut pas reproduire les métiers d'hier, l'intelligence artificielle va faire des ravages dans les dix années à venir. Elle va supprimer la moitié des postes de la main d'ouvre actuelle. Il faut préparer les jeunes à être capable de changer de métier et de passer à d'une industrie à une autre. Apprendre à apprendre. Nous sommes entre dans une aire ou la notion de travail est en train de changer. 80% des métiers dont on aura besoin en 2030 ne sont pas aujourd'hui connus ni disponibles. Il y'a des enjeux considérables dont il faut tenir compte dans la recherche de ce nouveau modèle de développement et qui passe par notre capacité de mobiliser nos jeunes pour être acteurs.