Abdellatif Jouahri, Wali Bank Al-Maghrib a souligné, mardi à Rabat, l'existence d'”importantes marges d'amélioration” pour promouvoir l'investissement et faire évoluer le climat des affaires au Maroc. “Le Maroc œuvre pour assurer les conditions propices à l'investissement, avec notamment une réforme majeure de la justice, l'élaboration d'une stratégie de lutte contre la corruption et plusieurs mesures pour l'amélioration du climat des affaires. Les résultats sont certes encourageants, comme en témoigne l'évolution de la position du pays dans différents classements internationaux tels que Doing Business, Indice de la liberté économique, Indice de la perception de la corruption, mais des marges d'amélioration importantes existent encore et les efforts doivent se poursuivre”, a relevé M. Jouahri lors de la première conférence de “Euromoney Conferences” au Maroc, tenue sous le thème “Construire un nouveau paradigme économique”. Le gouverneur de la Banque centrale du Maroc a également souligné le rôle central du capital humain, facteur déterminant du développement économique et social, estimant que "notre pays a certes beaucoup de défis à relever dans ce domaine, mais il y a une forte volonté et une prise de conscience des parties prenantes de l'importance et de l'ampleur de ce chantier, comme en témoigne la mise en place du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique". Avec cette mobilisation, l'élaboration de la vision 2030 et sa déclinaison en loi cadre, le Maroc espère rattraper ses déficits et offrir de meilleures chances d'insertion à sa jeunesse, a-t-il ajouté. Concernant la réforme du régime de change, M. Jouahri a fait savoir que Bank Al-Maghrib poursuit le développement d'un cadre de ciblage d'inflation pour renforcer davantage l'autonomie de la politique monétaire, dans la perspective du passage aux phases suivantes. Ce nouveau cadre, qui sera mis en place au stade approprié de la transition, devrait également permettre à la politique monétaire de mieux ancrer les anticipations et, in fine, améliorer la transmission de ses décisions, a-t-il poursuivi. "Tout en nous réjouissant de ces développements, nous restons vigilants et continuons d'accompagner les parties prenantes et de communiquer de manière ciblée sur la réforme", a-t-il dit, rassurant que celle-ci se déroule dans de bonnes conditions, avec une appropriation par le système bancaire, une adaptation progressive des opérateurs et un approfondissement continu du marché. M. Jouhari a également noté que "l'évolution du taux de change à l'intérieur de la bande de fluctuation sans intervention de la banque centrale confirme, conformément à nos évaluations, que la valeur du dirham est restée alignée sur les fondamentaux de l'économie". Parallèlement, le Wali de Bank Al-Maghrib a mis l'accent sur les segments les plus fragiles ou exclus du système bancaire, notamment les très petites, petites et moyennes entreprises, ainsi que certaines franges de la population (les jeunes, les femmes et le monde rural). Il a, à cet égard, fait observer que la stratégie nationale d'inclusion financière, qui a été finalisée conjointement par Bank Al-Maghrib et le ministère de l'Economie et des finances, vise notamment à résorber le déficit et réduire les inégalités dans ce domaine. L'introduction récemment de la finance participative, des établissements de paiement, du paiement mobile, de la réforme du microcrédit ainsi que les nombreux chantiers en cours relatifs notamment à la micro-finance et au crowdfunding devraient apporter leur contribution à la réalisation des objectifs visés dans ce cadre, a soutenu M. Jouahri. Veiller à l'équilibre et à la solidité des finances publiques est l'un des facteurs essentiels à la résilience de l'économie, a-t-il souligné par ailleurs, rappelant que dans ce domaine, d'importantes avancées ont été réalisées et de nombreux chantiers sont en cours pour introduire davantage d'efficacité, de visibilité et de transparence dans la gestion des finances publiques. Il a, dans ce sens, cité les réformes des subventions et des caisses de retraite, la loi organique des finances, sans oublier le chantier majeur de refonte de la politique sociale axé sur la mise en place d'un registre social unique à même de permettre un meilleur ciblage de la population et une optimisation des ressources. M. Jouahri a, en outre, indiqué que le fait de "se remettre en question en dehors des exercices réguliers des lois de finances et des rendez-vous électoraux est une pratique salutaire qu'adoptent de nombreux pays aussi bien en développement qu'avancés". "Cette remise en question devrait être instaurée comme une exigence permanente dans le processus d'élaboration de la politique publique sur la base d'évaluations neutres et objectives. C'est de cette manière que le pays pourra redonner crédibilité à l'action publique et aux institutions politiques", a-t-il recommandé. Avec le questionnement régulier de ses choix, la persévérance et le courage dans la poursuite des réformes structurelles, le renforcement de la bonne gouvernance aux différents échelons de l'Administration, la consolidation des équilibres fondamentaux et l'amélioration de la résilience de l'économie, le Maroc préserve toutes ses chances de pouvoir réaliser son ambition de l'émergence. L'objectif final est de pouvoir répondre aux aspirations de sa population et de sa jeunesse en particulier, de réduire les inégalités et de renforcer la cohésion sociale, a-t-il conclu.