La Tunisie a célébré le lundi 14 janvier, le 8ème anniversaire de sa révolution dans un contexte de tensions sociales persistantes, alors que le puissant syndicat UGTT a lancé un appel à la grève générale dans la fonction publique pour jeudi. Lundi, comme ils en ont pris l'habitude ces dernières années, des centaines de Tunisiens sont descendus dans le centre-ville de Tunis hautement sécurisé pour célébrer la chute le 14 janvier 2011 de Zine El Abidine Ben Ali, après 23 ans de règne sans partage. Parmi les manifestants, se trouvaient notamment des sympathisants de plusieurs partis politiques tels que Ennahdha, le parti à référentiel islamique, le Front populaire parti de la gauche, tous rassemblés sur l'avenue Habib Bourguiba. La révolte populaire de janvier 2011 avait été déclenchée par l'immolation par le feu le 17 décembre d'un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid au centre-ouest de la Tunisie, excédé par la pauvreté et les humiliations policières. Le soulèvement a fait 338 morts et plus de 2.100 blessés. Huit ans plus tard, la Tunisie apparaît comme l'unique rescapée du printemps arabe mais la jeune démocratie reste engluée dans la morosité sociale. Alors que des élections législatives et présidentielle approchent, elles sont prévues en fin d'année, le président Béji Caïd Essebsi a appelé à boycotter la grève générale prévue jeudi dans la fonction publique à l'appel de l'UGTT. Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a de son côté maintenu l'appel à la grève lors d'un discours au siège du syndicat. Des négociations sont toujours en cours entre l'UGTT et le gouvernement de Youssef Chahed. L'appel à la grève de l'UGTT concerne l'imposante fonction publique du pays, avec notamment pour revendication des augmentations salariales. Le 22 novembre 2018, une grève générale avait déjà été observée dans la fonction publique, à l'initiative de l'UGTT après l'échec de négociations avec le gouvernement. L'inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15%, exacerbent la morosité sociale, qui a donné lieu à plusieurs vagues de troubles ces dernières années en Tunisie, notamment en janvier 2018.