L'effondrement d'une partie d'un pont autoroutier à Gênes, dans le nord-ouest de l'Italie, a fait au moins 35 morts mardi en fin de matinée, a annoncé le chef des pompiers cité par l'agence de presse Ansa. Une section d'environ 80 mètres de long du pont Morandi, sur l'autoroute A10 qui mène à la frontière avec la France, s'est effondrée vers 11h30 (09h30 GMT) alors qu'un violent orage s'abattait sur la région de Gênes. Plus d'une trentaine de véhicules ont basculé dans le vide et des blocs du viaduc se sont abattus sur une voie ferrée, des bâtiments et une rivière se situant à cinquante mètres en contrebas. Les pompiers ont déclaré à Ansa avoir extrait des décombres 35 corps sans vie. Le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, avait auparavant évoqué au moins une trentaine de décès et "de nombreuses personnes grièvement blessées". Giovanni Toti, gouverneur de la province de Ligurie, dont Gênes est le chef-lieu, a pour sa part estimé que les travaux d'entretien du viaduc construit à la fin des années 1960 avaient été "insuffisants". Le gouvernement antisystème au pouvoir depuis le mois de juin à Rome s'est immédiatement dit conforté dans l'idée que l'Italie devait dépenser davantage pour ses infrastructures, quitte à ne pas respecter les règles budgétaires fixées par l'Union européenne. "Nous devrions nous demander si le respect de ces limites (de déficit budgétaire) est plus important que la sécurité des Italiens. De toute évidence ce n'est pas le cas", a déclaré Matteo Salvini à des journalistes pendant un déplacement en Sicile. Le secrétaire d'Etat aux Transports, Edoardo Rixi, issu comme Salvini de la Ligue (extrême droite), a renchéri sur le même thème: "Les habitants de Gênes empruntent ce pont deux fois par jour. Nous ne pouvons pas vivre avec des infrastructures construites dans les années 1950 ou 1960", a-t-il déclaré à la chaîne SkyNews24. "AUCUNE RAISON DE PENSER QUE LE PONT ETAIT DANGEREUX" Le chef de l'Agence de protection civile de Gênes, Angelo Borelli, a indiqué que 30 à 35 véhicules, dont trois camions, avaient plongé dans le vide lors de l'effondrement de la section centrale du viaduc autoroutier long de 1.182 mètres et haut de 45 à 55 mètres. Un automobiliste, Alessandro Megna, a déclaré à la Rai qu'il était coincé dans un embouteillage sur une route passant sous le pont au moment du drame. "Soudain, le pont s'est effondré avec tout ce qu'il y avait dessus. C'était une scène d'apocalypse, je n'en croyais pas mes yeux", a-t-il raconté. Quelque 200 pompiers ont été envoyés sur place et une quinzaine de survivants ont pu être secourus, dont cinq sont hospitalisés dans un état critique, a déclaré Angelo Borelli. Le président du Conseil, Giuseppe Conte, a fait savoir qu'il se rendrait à Gênes dans la soirée. Son ministre des Transports, Danilo Toninelli, a promis à la télévision que toute la lumière serait faite sur les causes du drame. "Ce genre de tragédie ne peut pas se produire dans un pays civilisé", a-t-il tonné. Le ministre a promis que les responsables de l'accident devraient "rendre des comptes", en particulier si l'enquête démontre un défaut d'entretien de l'édifice. "La maintenance passe avant tout", a-t-il insisté, ajoutant qu'elle relevait de la responsabilité de son opérateur et que le gouvernement se constituerait partie civile si le drame donne lieu à un procès. L'opérateur de l'A10, Autostrade per Italia, a rappelé pour sa part que d'importants travaux de rénovation avaient été menés sur le viaduc en 2016. Parlant d'un accident "imprévisible", son directeur pour la région de Gênes, Stefano Marigliani, a assuré que le pont était "constamment surveillé, bien au-delà des exigences légales" et qu'il n'y avait "aucune raison de penser qu'il était dangereux". Autostrade a aussi indiqué dans un communiqué que des travaux étaient en cours pour consolider ses fondations mais Angelo Borelli, de la Protection civile, a dit ne pas être au courant de tels travaux. Le titre d'Atlantia, maison mère d'Autostrade, a perdu jusqu'à 10% à la Bourse de Milan après l'accident, avant d'effacer la moitié de ses pertes à la clôture.