Présentées par le CNDH en octobre 2012, cent recommandations pour la protection des droits des détenu(e)s avaient été adressées aux différents départements gouvernementaux, à l'autorité législative ainsi qu'à la société civile. Cinq ans plus tard, l'heure est au bilan. Plusieurs actions ont été déclinées au cours du dernier quinquennat pour promouvoir les droits des détenus, et ce malgré les contraintes liées au manque de financement et de ressources humaines et l'augmentation continue du nombre de prisonniers, qui est passé de 62.000 en 2012 à 82.400 en septembre 2017. C'est ce qui ressort de l'évaluation présentée ce mardi par Mohammed Saleh Tamek, délégué général à l'Administration pénitentiaire, lors d'une journée d'étude organisée par le Conseil national des droits de l'Homme. Ce problème du surpeuplement des prisons a été également pointé du doigt par Driss El Yazami, président du CNDH. Le responsable s'est félicité d'importantes réalisations accomplies, qui restent pourtant limitées, à cause de la présence de plusieurs contraintes, notamment le problème du surpeuplement des prisons. Le surpeuplement des prisons a atteint des niveaux alarmants Driss El Yazami s'est en l'occurrence alerté du taux "inacceptable"des détenus en attente de jugement. Estimé à 42% de la population cacérale au sein des différentes prisons du royaume, ce taux surdimensionné générerait un impact négatif, que ce soit pour les détenus ou pour l'ensemble du corps pénitencier. Le président du CNDH a vivement regretté cette situation déplorable, appelant le gouvernement à accélérer l'adoption du projet, présenté le 7 octobre 2017, des peines alternatives. En outre, la Délégation a pu au cours des cinq dernières années, porter la surface accordée à chaque prisonnier de 1,68 mètre carré à 1,83, malgré la hausse du nombre des détenus qui sont passés de 68.000 en 2012 à 82.400 à la fin de septembre 2017. Une surface qui est appelée à augmenter grâce à la construction prochaine de sept autres prisons, dont deux seront fin prêtes à la fin de cette année. 16 centres pénitentiaires ouverts et 11 autres fermés Les chiffres avancés par le délégué général de la DGAPR concernant les progrès apportées dans le milieu carcéral du Maroc sont édifiants. 16 nouvelles institutions ouvertes ces cinq dernières années, 11 établissements, qui ne répondaient pas aux critères de sécurité et de sûreté fermés, notamment à Marrakech, Inezgane et Fès, et la prison locale de Salé 1 qui subira le même sort à la fin de l'année. Des cellules moins encombrées En outre, il a précisé que pour améliorer les conditions des détenus, l'espace des cellules est passé de 1,62 m² à 1,83 m². La capacité d'accueil des nouvelles cellules a été limité à 8 lits afin de limiter l'encombrement. Alimentation et prise en charge médicale améliorées A l'image des conditions d'accueil, la qualité de l'alimentation des détenus a pour sa part été améliorée et confiée à une société privée de restauration. Cette décision intervient après l'interdiction d'entrée des paniers de repas lors des visites. Pour ce qui est de la prise en charge des prisonniers, le corps médical a été porté à 74 %, soit un médecin par 820 prisonniers, un dentiste par 1.381 prisonniers et un infirmier par 162 prisonniers. Le délégué général de la DGAPR a indiqué qu'un guide du prisonnier a été élaboré afin de tenir les prisonniers informés de leurs droits et obligations durant leur incarcération. Ce guide est disponible dans cinq langues et même dans une version audio pour les prisonniers analphabètes. Et de noter que cette réunion d'étude, portant sur l'état d'avancement des recommandations concernant les droits des détenus et du corps pénitencier, a été tenue à Rabat, le 31 octobre, par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Etaient présents à cette réunion, Driss El Yazami, président du CNDH, Mohamed Saleh Tamek, délégué général de la DGAPR, Mohamed Essabar, secrétaire général du CNDH et Moulay Driss Aguelmam, directeur responsable de la sécurité et la sûreté des détenus et des établissements carcéraux à la DGAPR. A leurs côtés, des représentants de la société civile et de différents ministères, notamment de l'Intérieur, de la Culture et de la Communication, de la Santé ainsi que de l'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT).