Elaborée à la demande d'industriels français de l'agroalimentaire, en vue de faciliter l'exportation de certains produits, une nouvelle norme pour les aliments Halal a été lancée en France à titre expérimental pour trois ans. La norme qui définit une méthode de production unifiée "halal" ne couvre pas l'abattage rituel des animaux. Une question qui fait débat. L'Association française de normalisation (Afnor), organisme associatif rattaché au ministère de l'Industrie, a rendu publique ce 15 septembre à titre expérimental pour trois ans une norme halal sur laquelle elle dit avoir travaillé en concertation avec les autorités religieuses musulmanes de France. Volontaire et non obligatoire, cette démarche de l'Afnor est remise en question de la part du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui assure ne pas avoir été consulté. Le CFCM, qui rassemble les principales fédérations musulmanes dont la Grande mosquée de Paris, ne veut pas être en reste dans ce domaine. Il s'est doté en mars 2016 d'une "charte halal" constituant un "référentiel religieux" unique pour définir le caractère licite, au regard de l'islam, des produits carnés et de leurs dérivés. Jean-Luc Gallinella on Twitter Excluant l'abattage, cette nouvelle norme ne concerne que la partie aval de la filière: de la matière brute au produit transformé, incluant conserves, plats préparés, charcuterie, confiserie, boulangerie. Selon l'Afnor, cette norme a été préparée en lien avec le CFCM et avec les organismes de certification liés aux mosquées de Paris, Lyon et Evry, qui ont le monopole de l'habilitation des sacrificateurs halal. Une version démentie par le CFCM, qui dénonce une "manoeuvre d'ingérence par l'Afnor dans la définition du halal, qui est du ressort exclusif des instances religieuses musulmanes". Le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP), Dalil Boubakeur, critique, lui, la "prétention" de l'Afnor, "organisme laïc et civil", à "se parer des attributs de délivrance de licéité cultuelle". Pour sa part, Nadine Normand, responsable du département agroalimentaire, santé, action sociale de l'Afnor affirme que cette norme permettra au fabricant d'avoir des éléments qui l'aideront à organiser sa production pour prendre en compte les exigences de ses clients.