L'année 2022 augure de nombreux défis qui planchent sur la table du gouvernement. Dans le domaine de la santé, secteur dont les lacunes ont été mises à nu avec la pandémie, le plus grand chantier actuellement est celui de la généralisation de la Protection sociale. Preuve en est : le ministère de tutelle a même été rebaptisé au nom du grand projet qu'il pilote actuellement. Mais pas que. Le point, de manière non-exhaustive, sur les grandes priorités du secteur de la santé avec Pr. Hakima Himmich, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement. La généralisation de la protection sociale, numéro un des priorités, mais qui passe par d'importantes étapes : Sans doute, le grand défi en matière de Santé pour le gouvernement en 2022 est la couverture sanitaire universelle (CSU). Pour la CSMD, la CSU repose à la fois sur la généralisation de la couverture maladie, conformément aux Hautes orientations royales, et sur le renforcement global du système de santé, affirme Pr. Himmich. Pour cela la CSMD a formulé des recommandations pour mener à bien la généralisation de la couverture maladie et assurer que celle-ci s'accompagne d'une amélioration de la qualité et de la disponibilité des soins pour l'ensemble de la population couverte, des recommandations consultables sur rapport du Nouveau modèle de développement. * Comment peut-on financer le NMD? Les explications de Mohammed Benmoussa, membre de la CSMD (vidéo) * Le DG de la CNSS détaille la logistique déployée pour généraliser la protection sociale (invité) Le risque de crise sanitaires futures, une éventualité à ne pas négliger Lorsque la pandémie a pris le monde au dépourvu, elle a aussi révélé à quel point les systèmes de santé de nombreux pays dans le monde étaient peu ou pas préparés aux crises sanitaires. Certes, le Maroc a déployé de grands efforts afin d'accéder aux vaccins et aux traitements parmi les premiers pays acheteurs du monde, mais l'inégalité d'accès aux sérums a révélé l'importance d'une gouvernance sanitaire indépendante. C'est ainsi que le Maroc s'est lancé, sous Hautes directives royales, dans l'arène de l'industrie pharmaceutique afin de devenir producteur de vaccins contre la covid-19. Mais attention à ne pas s'y méprendre, cette évolution ne concerne pas que la pandémie de covid-19 mais vise à équiper le Maroc des moyens nécessaires à une auto-suffisance en tous types de vaccins. C'est ainsi que Pr. Himmich prône "le développement de la souveraineté sanitaire à travers une industrie pharmaceutique et médicale capable de produire des médicaments, des vaccins, des tests, des équipements et d'autres consommable médicaux critiques pour répondre autant aux besoins propres du Maroc qu'à ceux des pays partenaires d'Afrique", bien sûr, "parallèlement aux efforts en cours pour résister à l'épidémie actuelle". * Enseignement: Convention pour la création d'un institut de formation dans les métiers de l'industrie pharmaceutique
Repenser le parcours de santé pour l'optimiser au maximum Le parcours de soins doit être repensé dans ses détails, "des portes d'entrée aux les interlocuteurs du patient", estime Pr. Himmich. En premier lieu, mettre en place un système de médecin traitant qui assure le suivi sur le long terme et qui a la charge d'encadrer le recours des patients vers des médecins référents au sein de structures spécialisées. Cela a pour potentiel de "permettre un meilleur équilibrage entre régions, réduire la pression sur certaines structures hospitalières", estime-t-elle, ainsi que de réduire la distance et les délais d'accès aux structures de soins. Afin d'améliorer la qualité des soins, il faut pallier à la pénurie en ressources humaines du secteur, estime Pr. Himmich. Il faudra s'atteler à la formation de davantage de médecins et paramédicaux. D'un côté, "pour les médecins en réduisant la durée de la formation généraliste de 7 à 5 ans, en augmentant le nombre de places ouvertes aux concours d'entrée dans les facultés de médecine, en formant des professeurs en médecine en nombres suffisants, et en augmentant les postes budgétaires destinés au recrutement de médecins", détaille l'experte. De l'autre, "pour les infirmiers et paramédicaux, en mettant à profit les écoles privées d'infirmières, et en augmentant les postes budgétaires". "Le tout passe aussi par la valorisation du statut des professionnels de la santé du secteur public pour en renforcer la rétention et par l'optimisation du rendement", relève-t-elle. Il s'agit de faire du secteur public un secteur attractif afin de pallier à la migration des compétences vers le privé ou l'étranger. La gouvernance globale du système de santé "L'amélioration de la performance et de la qualité des services qui ne pourra se faire sans une gouvernance territorialisée et une autonomie accrue des centres hospitaliers. Le tout, dans un cadre de responsabilité autour d'engagements axés sur les résultats et la performance et des mécanismes réguliers d'évaluation", détaille Pr. Himmich. Tout cela passe par le renforcement de la coopération entre les secteurs public et privé et de capitaliser sur leurs capacités respectives pour améliorer l'accès aux soins et améliorer l'efficience du système dans sa globalité, relève-t-elle.