Le renforcement de l'offre de soins suppose une forte amélioration de la densité de personnel médical Malgré l'élargissement de la couverture sanitaire (AMO, RAMED), les difficultés d'accès au système de soins demeurent persistantes. Une situation qui s'explique en partie par la faiblesse des ressources budgétaires allouées au secteur de la santé et d'un taux d'encadrement médical très en deçà des normes établies par l'OMS. La santé est une source de vulnérabilité pour les Marocains, puisque 38% de la population est dépourvue de couverture médicale et que les ménages assurent en moyenne 50% des dépenses de santé. Dans son rapport, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) avait révélé les nombreuses attentes des citoyens dans le secteur. Les Marocains exigent désormais une offre de soins de qualité accessible à tous, en termes de coût et de proximité. La généralisation de la couverture sanitaire bénéficie d'un large consensus. Celle-ci est considérée comme un droit fondamental. Tous insistent sur la qualité des services auxquels cette couverture doit donner accès. Dans son rapport, la Commission a formulé plusieurs propositions visant à accélérer la généralisation de l'accès à la couverture médicale de base; renforcer substantiellement l'offre globale et la qualité des soins (à travers l'investissement dans les ressources humaines, la valorisation des métiers de la santé, le renforcement de l'hôpital public, et l'optimisation du parcours de soins) et améliorer la qualité et renforcer l'efficacité globale du système à travers une gouvernance efficace qui responsabilise l'ensemble des acteurs. Selon la CSMD, il s'agit, en premier lieu, de soutenir la demande de soins, en opérationnalisant la généralisation de la couverture médicale, conformément aux Hautes orientations royales. La Commission rappelle que cette généralisation se traduirait par l'accès de tous les citoyens à un panier de soins de base évolutif qui correspond mieux à la charge de morbidité et aux dépenses de santé des ménages. Cela implique aussi d'accélérer la couverture des travailleurs non-salariés par l'AMO et d'assurer l'accès effectif au RAMED des populations éligibles. La CSMD précise qu'il faudra faire converger progressivement les régimes actuels d'assurance maladie et le RAMED vers une caisse unique de la couverture médicale de base assurant l'accès à ce panier, avec une tarification de référence reflétant les coûts réels de prestation des soins. Des complémentaires pourront, pour ceux qui le souhaitent, fournir un panier de soins élargi. «La convergence proposée des caisses de santé devra passer par une phase transitoire où le RAMED évolue vers un régime assurantiel, limité dans un premier temps aux hôpitaux publics, et donnant lieu à un remboursement de ces derniers sur la base de la facturation des actes. Des recettes fiscales devront être mobilisées et allouées spécifiquement au financement public de la composante solidaire de la couverture médicale (équivalent RAMED)». Cette généralisation de la couverture médicale implique un renforcement de l'offre globale de soins pour mieux répondre à la demande des citoyens. Ce grand chantier permettra d'intégrer environ 12 millions de Marocains qui ne disposent actuellement ni de l'AMO ni du RAMED. «La refonte de l'organisation territoriale du système de santé et l'optimisation du parcours de soins s'avèrent nécessaires pour réduire la distance et les délais d'accès aux structures de soins, et pour résorber les écarts entre territoires», souligne le rapport. Le renforcement de l'offre de soins suppose une forte amélioration de la densité de personnel soignant sur l'ensemble du territoire, et un pilotage efficace de l'offre de soins, notamment au niveau régional. Ainsi, l'objectif est d'atteindre une densité de personnel soignant de 4,5 pour 1.000 habitants en 2035 contre 2 pour 1.000 actuellement. Cela correspond, en moyenne, à 3.600 médecins et 7.100 infirmiers formés annuellement. La Commission recommande d'augmenter les capacités de formation de médecins en renforçant les capacités des CHU et facultés actuels (publics et privés) et en assurant que l'ensemble des régions du Royaume disposent d'une offre de formation (CHU et faculté). Il est aussi question de réduire la durée de formation généraliste en allouant certains enseignements aux formations spécialisées.