Lors de sa dernière réunion trimestrielle de l'année 2021, tenue mardi, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a analysé l'évolution de la conjoncture nationale et internationale ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme. Il a ainsi été décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 1,5%. "Le Conseil a estimé que l'orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant les conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,50%", indique BAM dans un communiqué. Lors de cette session, le Conseil a analysé l'évolution de la conjoncture nationale et internationale ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme. Il a noté à cet égard que l'activité économique a connu globalement une nette reprise cette année, favorisée par les avancées notables de la campagne de vaccination et le maintien des stimulus budgétaire et monétaire. Toutefois, les nouvelles vagues de la pandémie dans plusieurs pays partenaires et les restrictions que les autorités nationales ont été amenées à mettre en place renforcent les incertitudes qui entourent les perspectives économiques, relève la même source, précisant que le Conseil a également pris note des dispositions de la Loi de Finances 2022. Le Conseil a noté aussi que les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles ces derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants, indiquant que cette évolution résulte essentiellement des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux. Elle s'est traduite par une nette accélération de la composante sous-jacente de l'inflation qui est passée de 0,7% en moyenne au cours du premier semestre à 2% au troisième trimestre et à 3,3% en novembre, relève BAM, estimant que celle-ci devrait ressortir à 1,7% sur l'ensemble de cette année et se situer à 2,7% en 2022 avant de revenir à 1,8% en 2023 avec la dissipation prévue des pressions externes. Malgré ce net accroissement de sa composante fondamentale, l'inflation devrait rester à des niveaux contenus, passant en moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, à 2,1% en 2022, puis reculer à 1,4% en 2023, estime la Banque Centrale. Pour ce qui est de la croissance, BAM indique qu'au niveau national, les progrès en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et monétaire et la très bonne campagne agricole vont faire enregistrer à l'économie un rebond de 6,7% cette année, avec des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. Au cours des deux prochaines années, le rythme de l'activité restera largement tributaire de l'évolution de la situation sanitaire aux plans national et international et des restrictions que les autorités seraient amenées à mettre en place, précise la même source. Ainsi, les projections de BAM tablent, dans le scénario central, sur une consolidation de la croissance à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023. La valeur ajoutée des activités non agricoles, poursuivrait, se don côté, son amélioration aux rythmes de 3,2% en 2022 et de 3,4% en 2023 et, sous l'hypothèse de récoltes céréalières moyennes de 75 MQx annuellement, celle du secteur agricole reculerait de 2,8% en 2022 et progresserait de 2% en 2023. Sur le marché du travail, les dernières données relatives au troisième trimestre 2021 font ressortir un net redressement avec une création de 642 mille postes et une entrée nette de 607 mille demandeurs d'emplois, précise BAM, notant que le taux d'activité a ainsi augmenté de 1,6 point de pourcentage à 45,1% et le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage à 11,8%. S'agissant des comptes extérieurs, et après un repli sensible en 2020, les échanges commerciaux enregistrent une reprise notable cette année. Les exportations ressortiraient en expansion de 21,7%, tirées par la progression des cours du phosphate et dérivés et des ventes du secteur automobile et ce, en dépit des difficultés d'approvisionnement en semi-conducteurs que connait l'industrie au niveau mondial. En parallèle, les importations devraient croître de 22,9%, sous l'effet principalement de l'alourdissement de la facture énergétique, du renchérissement des produits bruts et de la hausse des achats de produits finis de consommation. Quant aux recettes voyages, elles continueraient de pâtir des restrictions sanitaires avec une nouvelle baisse de 9,2% à 33,1 milliards de dirhams (MMDH), tandis que les transferts des Marocains Résidant à l'étranger (MRE) marqueraient un rebond de 38,9% pour atteindre un montant record de près de 95 MMDH, fait savoir BAM, ajoutant que, tenant compte de ces évolutions, le déficit du compte courant ressortirait en creusement de 1,5% à 2,5% du PIB cette année. Sur l'horizon de prévision, la dynamique des exportations devrait se poursuivre en 2022, portée essentiellement par l'augmentation prévue des ventes de la construction automobile, avant de s'estomper en 2023, avec le repli des cours des engrais phosphatés. En parallèle, l'accroissement des importations ralentirait graduellement en lien avec le recul des cours des produits énergétiques. Pour sa part, le besoin de liquidité des banques s'est accentué à 83,2 MMDH au troisième trimestre, traduisant l'augmentation de la monnaie fiduciaire. Il devrait s'alléger sous l'effet du renforcement des réserves de change pour se situer à 64,4 MMDH à fin 2021, avant de se creuser à 70 MMDH à fin 2022 et à 83,6 MMDH à fin 2023. Concernant le crédit bancaire au secteur non financier, il maintient une croissance modérée après l'achèvement de la phase d'octroi des programmes de prêts garantis par l'Etat mis en place en 2020. Tenant compte des perspectives de l'activité économique et des anticipations du système bancaire, son encours ressortirait en hausse de 3,7% cette année, un rythme qui se consoliderait à 3,4% en 2022 avant de s'accélérer à 4,4% en 2023. Enfin, le Conseil a validé le budget de la Banque pour l'exercice 2022, a approuvé la stratégie de placement des réserves de change et le programme d'audit interne, et a arrêté les dates de ses réunions ordinaires au titre de la même année au 22 mars, 21 juin, 27 septembre et 20 décembre, fait savoir BAM.