Au vu de la hausse fulgurante des cas de contamination à la covid-19, plusieurs experts ont tiré la sonnette d'alarme quant à l'importance de redoubler de vigilance face à la pandémie. Le Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques de santé, livre à la presse son analyse de la situation épidémiologique au Maroc, à la lumière des dernières données autour de l'opération nationale de vaccination. Au 30 juillet 2021, près de 10,1 millions de Marocains ont été entièrement vaccinés contre la covid-19 en recevant les deux doses du sérum. Cela représente près de 28% de la population générale du Royaume qui a été entièrement immunisée, aux côtés de plus de 13,38 millions de Marocains, soit 36 % de la population qui a reçu au moins une dose, relève l'expert. Grâce à la composition démographique jeune de la société marocaine, le Royaume a élargi la vaccination aux 25 ans et plus. S'y ajoutent l'implication des citoyens dans le processus de vaccination, l'arrivée régulière de nouvelles doses des vaccins, et la bonne gestion de la campagne nationale. La combinaison de ces facteurs a permis au Maroc de protéger les groupes les plus vulnérables de manière large : les 75 ans et plus sont vaccinés à 97% , les 60-74 ans sont vaccinés à 95%, les 40-59 ans sont vaccinés à 70%, et les 30-39 ans sont vaccinés à 40%. A relever que les deux dernières tranches d'âge n'ont été ciblées que depuis quelques semaines. Il est clair, relève Dr. Hamdi, qu'une couverture vaccinale aussi large joue un rôle important dans la diminution des cas positifs et des formes sévères de la maladie. "Si nous prenons l'exemple des pays qui ont vacciné, jusqu'à présent, la moitié de leurs citoyens ou plus, comme la Grande-Bretagne et la France, nous constatons que par rapport au même nombre de nouveaux cas par jour entre janvier dernier - début de la vaccination - et aujourd'hui, les décès sont 10 fois moins nombreux. Au Maroc, le 1/3 de la population est vacciné dans une société jeune, ce qui aide, selon nos premières estimations, à réduire de 75 % les cas dangereux et les décès par rapport au même nombre de nouveaux cas avant le début de la vaccination", explique-t-il. Ainsi, le modus operandi de lutte contre la pandémie s'articule, aujourd'hui, autour de deux orientations stratégiques selon Dr. Hamdi: contrôler la propagation du virus avec des précautions individuelles et collectives, et augmenter le taux de vaccination au sein de la communauté. L'unique objectif est garder le nombre de cas critiques et de décès peu nombreux et sous contrôle, et ne pas "fragiliser" le système de santé. "Plus le pourcentage de personnes vaccinées est élevé, plus les nombres de cas critiques et des décès diminueront avec la rupture des chaînes de transmission de l'infection. Toutes les tranches d'âge sont concernées par la vaccination pour deux raisons principales : chez les plus de 40 ans, l'enjeu est de réduire la transmission de l'infection et les décès liés aux formes graves de la maladie. Chez les moins de 40 ans, il s'agit surtout de réduire le taux de transmission du virus, explique le chercheur. Tout cela ne réduit en rien l'importance des gestes barrières, qui sont non seulement le port du masque et la distanciation sociale, mais aussi l'aération constante des espaces fermés, éviter de voyager, éviter les endroits bondés et les rassemblements inutiles, prévient-on. "Le virus est encore là pour plusieurs mois et de nombreux variants risquent d'apparaitre, mais grâce à la vaccination rapide et au respect des mesures préventives, nous pouvons retrouver une vie semi-normale au lieu de recourir aux confinements répétés. En même temps, les citoyens devront assumer la responsabilité des conséquences de leurs comportements associés au non respect des mesures anti-covid ou s'ils ne veulent pas se faire vacciner", conclut-il.